A 100 km/h dans un village, 140 sur une route ou 200 sur l’autoroute, désormais les chauffards risquent de passer directement à la case prison. Car depuis 2013 et l’application de la nouvelle loi "Via Sicura", une accélération de trop ou une faute d’inattention font de vous un criminel et sont sévèrement réprimés. Trop sévèrement? Même d’éminents acteurs de la justice ne cachent pas leur embarras, face à une loi qui désormais sanctionne plus durement un gros écart de conduite que le trafic de drogue.
En 2013, on a compté 279 décès dus à des accidents de la route et 4000 blessés graves. Au début des années 70, la route tuait 1700 personnes chaque année ! L’excès de vitesse est l’infraction numéro un. Chaque année un tiers des 80'000 retraits de permis est dû à un excès de vitesse. Au-delà d’une certaine vitesse, les excès sont dénoncés au niveau administratif (Services des autos) mais aussi au pénal.
Une accélération occasionnelle, une faute d’inattention, un dépassement de trop, envoient de plus en plus facilement le conducteur dans la catégorie "chauffard" et fait de lui un criminel au même titre qu’une personne coupable de violences intentionnelles.
Perdre son permis de conduire peut coûter très cher, surtout si votre vie professionnelle en dépend. En plus des sanctions pécuniaires, vous pouvez même vous retrouver avec un casier judiciaire qui peut devenir un véritable handicap pour votre avenir.
Temps Présent a rencontré des personnes dont les excès de vitesse ont eu des conséquences bénignes pour certains et très graves pour d’autres. Un retrait de permis et une condamnation donnent souvent lieu à un licenciement, au chômage, à des pertes de mobilité, à de grosses amendes et à des peines de prison ferme avec ou sans sursis. Quand un dealer notoire ne se prend que six mois de prison avec sursis, les treize mois de prison avec sursis restent en travers de la gorge d’un de nos témoins qualifié de chauffard selon la loi. La justice ne cache pas son malaise et son embarras lorsqu’il s’agit d’ordonner des peines de prison ferme. La nouvelle loi "Via Sicura" ne laisse aux juges aucune marge de manœuvre et n’admet aucune circonstance atténuante. Un procureur en témoigne dans ce reportage.
Rediffusion le vendredi 31 octobre 2014 à 1h20 et 10h30 et le lundi 3 novembre 2014 à 16h05 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Dominique Willemin et Noël Tortajada
Image : Jeanne Gerster Son : Charles Wicki Montage : Caroline Cuénod