Publié

Giuseppe Verdi, musicien, homme politique, propriétaire terrien et philanthrope

Giuseppe Verdi. [Roger Viollet]
Giuseppe Verdi. - [Roger Viollet]
Daniel Robellaz retrace la vie et l'oeuvre de Giuseppe Verdi.

Protée en son palais. Il n’a pas été pas "que" l’auteur du (célèbre) Chœur des Hébreux, de Rigoletto, d’Aïda… Et bien qu’avec Wagner il domine l’art lyrique du XIXe siècle, ce géant ne fut pas non plus "que" musicien. Visionnaire et engagé politiquement, il est, avec Garibaldi et Cavour, une figure emblématique du processus de réunification de la péninsule italienne, le Risorgimento. Enfin, ses vastes domaines acquis avec l’argent de ses succès le verront aussi philanthrope, secourant malades et musiciens retraités.

Giuseppe Verdi naît le 10 octobre 1813 aux Roncole di Busseto, dans la région de Parme alors sous domination napoléonienne. Des origines très modestes, un père aubergiste. Et très tôt, le don pour la musique. Ses premiers pas, il les fait avec l’organiste des Roncole et s’exerce sur une épinette qu’ont achetée ses parents. Épinette qu’il conservera sa vie durant.

Le destin commence à sourire quand Antonio Barezzi, marchand de Busseto épris de musique, le prend sous son aile afin qu’il puisse entreprendre des études, y compris musicales. Plus tard, Barezzi lui donne sa fille. La première Madame Verdi.

À quinze ans, Giuseppe écrit déjà de la musique, profane et sacrée. À vingt-six, Oberto, son premier opéra, est représenté à la Scala de Milan avec un succès honorable. Suivi aussitôt d’un échec cuisant, qui s’ajoutait à un drame personnel: la mort de sa femme et de ses deux enfants.

Troisième opéra du maestro, Nabucco, est le point de départ d’une impressionnante trajectoire, mais aussi le point nodal – avec le fameux Chœur des Hébreux – d’une Italie qui rêve à son unité et que Verdi va très vite incarner sur le plan musical et politique. Bientôt, le cri de "Viva Verdi" signifie aussi "Viva Victor Emmanuel, Re D’Italia!" Giuseppe servira l’Italie non seulement avec son art, mais en occupant des fonctions politiques. Il sera député, il sera sénateur.

Après la Trilogie (Traviata, Rigoletto, Il Trovatore), s’ouvre pour Verdi une période de réflexion et de renouvellement. Le rythme des opéras s’espace, les sujets sont plus réfléchis et, si possible, plus tourmentés. Giuseppe, avant finalement de l’épouser, va partager sa vie avec la cantatrice Giuseppina Strepponi, "la" Strepponi (une "Traviata", une "dévoyée"), ne se souciant jamais des qu’en-dira-ton. Aussi ne craint-il pas de vivre un "ménage à trois" quand il tombe éperdument amoureux d’une autre cantatrice, Teresa Stolz.

Tout en reconnaissant le génie de Wagner, Verdi n’aura de cesse de vouloir défendre et illustrer l’art italien qui, avec lui, culmine au gré de ces immenses chefs-d’œuvre que sont Don Carlos, Aïda, Otello, Falstaff. Sans oublier le bouleversant Requiem, aujourd’hui connu de tous.

Giuseppe Verdi meurt le 27 janvier 1901 à Milan et repose aux côtés de son épouse. Arrigo Boïto dira: "Tout est fini. Il dort désormais comme un roi d'Espagne dans son Escurial."

Daniel Robellaz

Publié