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Charlemagne Palestine

Charlemagne Palestine. [Alexandre Chatton]
Charlemagne Palestine. - [Alexandre Chatton]
Charlemagne Palestine est un musicien, performer et artiste d'art visuel américain.

Aussi à l'aise dans les salles de concert que dans les galeries d'art, cet animiste s'entoure d'une armée de peluches, qu'il voit comme des divinités. Compagnon de route des Minimalistes comme La Monte Young ou Terry Riley, cet électron libre est né dans une famille juive d'Odessa, débarquée à New York en 1913.

Chaime Moische Palestine chante tous les jours à la Synagogue de Brooklyn avant de devenir carillonneur à l'Eglise St Thomas de Manhattan. Il fréquente alors son voisin, le gourou indien Pandit Pran Nath. Mais en vrai rebelle, au contraire de Riley et Young, il refuse de devenir le disciple de ce maître du ragga et pourfend bientôt les minimalistes. Fasciné par les sons des moteurs électriques ou des réfrigérateurs, comme ici en 72 où il hurle pendant 16 minutes au guidon de sa moto, il conçoit ses premières pièces comme des courts-métrages. Lorsque Charlemagne Palestine découvre le piano Bösendorfer doté d'une octave supplémentaire, il en fait son instrument fétiche s'abîmant les doigts jusqu'au sang pour atteindre sa terre promise sonique.

"Alchimiste minimaliste, Charlemagne Palestine est aussi un des plus importants artistes de la performance new-yorkaise. Il y a, à cet égard, quelque chose d’héroïque et même de shakespearien dans la mise en représentation du personnage qu’il s’est choisi. Ainsi, peut-on le voir s’avancer à petits pas vers la scène, un éternel verre de cognac à la main et le dos voûté. "Pour ressembler à Quasimodo, le sonneur de cloches de Notre-Dame", s’amusera-t-il à nous confier... Mais qu’importe: dès que ses doigts se posent sur les touches d’ivoire, c’est très vite qu’il nous emporte avec lui dans son désir sans cesse relancé de s’accorder à la vibration fondamentale de l’univers."

Daniel Caux

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