Le Traité de Lausanne a consacré en 1923 la naissance de la Turquie moderne, tout en anéantissant notamment les aspirations d'indépendance des communautés kurde et arménienne.
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Dans quel contexte le Traité de Lausanne a-t-il été signé? Pourquoi Lausanne a-t-elle été choisie pour abriter la conférence? Pourquoi, cent ans après sa signature, ce traité fait-il encore autant parler de lui?
Laurent Huguenin-Elie reçoit Laurent Golay, historien, directeur du Musée historique de Lausanne qui accueille, dès le 27 avril, une exposition intitulée "Frontières - Le Traité de Lausanne, 1923 – 2023".
Photo: la délégation turque lors de la signature du Traité de Paix avec la Turquie, dit Traité de Lausanne. Ce traité de paix, signé au Palais de Rumine le 24 juillet 1923, remplace le traité de Sèvres signé trois ans plus tôt. Celui-ci mettait fin à la Grande Guerre en ce qui concerne l’Empire ottoman. Dernier accord résultant de la Première Guerre mondiale, le Traité de Lausanne précise les frontières de la Turquie issue de l’Empire ottoman.
Le Traité de Lausanne, signé au Palais de Rumine en 1923, annulait le traité de Sèvres et redessinait les frontières. Ce nouveau traité allait donc marquer la naissance de la Turquie moderne alors que la promesse d'une Arménie libre et indépendante était du même coup anéantie au moment-même où le peuple arménien venait de subir le premier génocide du XXe siècle. Pour les Arméniens, le traité de Lausanne constitue bel et bien une nouvelle tragédie.
Claire Mouradian est historienne, spécialiste de l'Arménie, directrice de recherche émérite au CNRS en France. Elle répond aux questions de Laurent Huguenin-Elie.
>> Voir également: "L'Arménie", Claire Mouradian, éd. PUF ; "Les Arméniens en France", Anouche Kunth et Claire Mouradian, éd. de L'Attribut
Illustration: détail de l'affiche du film américain "Ravished Armenia" ("L'arménie ravagée", 1919). Rescapée du génocide arménien, Aurora Mardiganian est l'auteur du livre dont le film est tiré. En 1919 se tient à Constantinople le procès des principaux responsables du génocide. Ayant pris la fuite en 1918 - juste après avoir détruit la plupart des documents compromettants - ils y sont condamnés à mort par contumace. Le gouvernement turc actuel maintient une position ferme de refus de la reconnaissance du génocide.
Entre 1922 et 1924, près de deux millions de personnes vont traverser la frontière gréco-turque nouvellement fixée dans le sillage de la guerre. Comment ce déracinement a-t-il été vécu? Comment construit-on son identité en tant que Turc parlant le grec et en tant que Grec parlant le turc?
La question des identités multiples et celle du brassage culturel en Méditerranée orientale sont au cœur de la fiction historique radiophonique "Pangée". Laurent Huguenin-Elie reçoit son auteur, Dimitri Kousis, producteur, réalisateur, autodidacte passionné, collectionneur de livres et de vinyles.
Photo: enfants grecs et arméniens réfugiés à Athènes en 1923. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la défaite de l’armée hellénique face à la Turquie entraîne un redécoupage territorial. En quelques mois, 1,5 millions de Grecs rejoignent les îles de la mer Egée ou la Grèce continentale tandis que 500'000 musulmans regagnent la Turquie.
A la veille des élections présidentielle et législative du 14 mai 2023, la Turquie doit faire face à de grandes difficultés. Le sud-ouest du pays a été ravagé par l'énorme séisme de février dernier qui a fait des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de blessés et de sans-abris, alors que le pays était déjà sous le coup notamment d’une inflation galopante et d’une fracture politique.
Histoire Vivante vous propose une radiographie du pays avec le politologue turc Ahmet Insel, professeur émérite de l’Université Galatasaray à Istanbul et ancien enseignant à l'Université Paris 1. Il est au micro de Frédéric Pfyffer.
Photo: bureau de change au Grand Bazar d'Istanbul (Turquie), le 3 janvier 2022. Selon la Tuik (le bureau officiel des statistiques), l'inflation du pays s'établissait alors à 36,08% sur un an. En octobre de la même année, elle atteignait un niveau record de 85%, toujours sur un an. La politique monétaire du président Erdogan - qui refuse d'augmenter les taux directeurs de la Banque centrale - encourage l’inflation. A rebours des théories économiques classiques, il affirme que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation.
Le président Recep Tayyip Erdogan, arrivé au pouvoir il y a vingt ans, va jouer sa survie politique le 14 mai 2023 à l’occasion des élections présidentielle et législative.
Frédéric Pfyffer reçoit le politologue Ahmet Insel, professeur émérite de l’Université Galatasaray à Istanbul et ancien enseignant à l'Université Paris 1, pour faire le bilan de son exercice du pouvoir.
>> Sur ce sujet, lire également: "Quand Lausanne refaisait le monde", (Pascal Fleury - La Liberté du 28.04.2023)
Photo: le président turc Recep Tayyip Erdogan prononce un discours devant ses partisans lors d'un meeting à Mus, en décembre 2017. Derrière lui, un poster géant à son effigie. Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Erdogan est l'objet d'un véritable culte de la personnalité. En période d'élections ou de référendums, son visage orne les façades d'immeubles de vingt étages dans les grandes villes du pays.
Antoine Köpe, un citoyen austro-hongrois, documente la chute de l’Empire ottoman à travers des centaines d’archives personnelles. Alors que s'approche le centenaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne, ce film nous rappelle un monde qui permettait à des sociétés multiethniques et confessionnelles de s'épanouir.
Un documentaire de Nefin Dinç (France, 2021).
Antoine le bienheureux - A la croisée des empires
Disponible jusqu'au 29 juillet 2023