Marie Curie peut se targuer d'avoir été une femme d'Exception! Elle est la seule femme à laquelle deux Prix Nobel ont été attribués, l'un de physique en 1903 et l'autre de chimie en 1911, et sa fille Irène Joliot-Curie a également été adoubée d'un Prix Nobel de chimie en 1935 avec son mari Frédéric Joliot. Et pourtant, que d'épreuves a-t-elle subi tout au long de sa vie.

Née à Varsovie en 1867, Maria Salomea Sklodowska perd l'une de ses sœurs en 1876 puis sa mère en 1878. Particulièrement brillante lors de ses études secondaires dans lesquelles elle s'est réfugiée, elle se voit refuser l'accès aux études universitaires dans son pays natal, interdites aux femmes. Elle part alors à 24 ans à Paris pour y débuter des études de physique (elle est l'une des rares femmes immatriculées à la Faculté des sciences de Paris), qu'elle termine première de sa promotion deux ans plus tard; dans la foulée, elle obtient également une licence en mathématiques une année après, deuxième de sa promotion. En 1895, elle épouse le physicien français Pierre Curie. En 1897, elle donne naissance à sa première fille Irène et débute une thèse de doctorat sur l'étude des rayonnements produits par l'uranium. La qualité de ses recherche lui vaut de recevoir plusieurs Prix durant son doctorat, qu'elle achève en 1903 avec la mention très honorable, après avoir déduit que la radioactivité est une propriété de l'atome et non une propriété chimique, et après avoir découvert deux nouveaux éléments du tableau périodique, le polonium (nommé en référence à son pays d'origine) puis le radium. C'est dans un laboratoire de fortune, tenant plus de l'étable et du hangar à pommes de terre (dixit un chimiste allemand qui visite le couple) que ses expériences sont menées avec son mari. La même année, Pierre et Marie Curie reçoivent le Prix Nobel de physique pour leur recherche sur les phénomènes de radiation, partagé avec Henri Becquerel, découvreur de ces radiations. Il faut dire que sans l'intervention de Pierre Curie, Marie n'aurait pas été nominée, tant il était inconcevable à l'époque qu'une femme puisse accéder au pinacle de la Science!

La notoriété atteint le couple, qui donne naissance en 1904 à leur deuxième fille. Malheureusement, Pierre Curie est renversé par un véhicule et décède en 1906. Cette perte atteint durablement Marie, mais elle s'investit pour la cause des femmes en sciences dès son accession au poste de directrice d'un laboratoire universitaire, avant d'être enfin nommée professeur en 1908 à la chaire de physique générale et de radioactivité. Nouveau déboire en 1910, lorsqu'elle est refusée à l'Académie des sciences par un quarteron de conservateurs antiféministes et xénophobes. En 1911, on la retrouve comme seule femme au premier congrès Solvay qui réunit les plus grands noms de la physique moderne (Einstein, Rutherford, Nernst, de Broglie, Langevin, Planck); Marie Curie se lie alors d'amitié avec Paul Langevin, avec lequel une liaison intime se crée, créant un véritable scandale en France où on l'accuse de briser un bon ménage français. Il n'empêche que Marie Curie reçoit la même année le Prix Nobel de chimie pour la découverte de nouveaux éléments.; il lui est tout de même suggéré de ne pas se déplacer pour recevoir son Prix, en raison du scandale qui fait rage en France. En 1911 toujours, l'Institut du Radium (devenu plus tard l'Institut Curie) est créé et Marie y dirige le laboratoire de physique et de chimie.

La santé de Marie Curie se fait précaire; en 1911, on lui décèle une affection des reins. Dès le début de la Première Guerre Mondiale, elle s'active à mettre sur pied les "Petites Curies", des ambulances permettant de prendre des radiographies des blessés sur les champs de bataille. Les trop nombreuses expositions aux substances radioactives font lentement leur effet néfaste chez Marie Curie, qui développe des problèmes aux yeux et aux oreilles; dès le début des années 1920, elle est affaiblie et considère elle-même que le radium pour lequel elle consacre une grande partie de son travail est certainement à l'origine de ses maux. Elle n'en continue pas moins la direction de son Institut, notamment dans le développement d'approches thérapeutiques pour lutter contre le cancer grâce aux radiations produites par le radium. Mais la leucémie provoquée par les radiations continue de ronger lentement Marie Curie, qui décède finalement en 1934 à Passy en Haute-Savoie.