Une réflexion récurrente parmi le public non spécialisé consiste à penser qu’il y a du pétrole dans bon nombre d’objets et de produits de la vie quotidienne. Il en résulte des situations anxiogènes tout à fait légitimes, puisque si du pétrole était effectivement présent dans nos produits de consommation courante, nous serions exposés à des risques sanitaires certains.

Il n’en est rien, mais l’origine de cette réflexion peut être décryptée pour y voir plus clair.

Le pétrole, résultant de la très lente accumulation de matières végétales et de leur décomposition dans les couches profondes de notre planète, est un mélange complexe d’hydrocarbures, des molécules composées essentiellement d’atomes de carbone liés entre eux et à des atomes d’hydrogène. L’industrie pétrolière a pour but de séparer ce mélange en des fractions de molécules identiques ou similaires qui peuvent ensuite être exploitées à différentes fins.

Par exemple, les carburants pour avions (kérozène), pour véhicules (diesel, essence) ou pour centrales de chauffage (mazout) sont des mélanges de molécules qui ont des propriétés physico-chimiques similaires (p.ex. leur point de fusion, leur point d’ébullition).

Parmi les fractions purifiées de constituants du pétrole se trouvent des molécules qui seront ensuite transformées, principalement dans les industries pétrochimiques, en molécules plus complexes (pouvant contenir d’autres atomes que le carbone et l’hydrogène). Ces nouveaux composés sont alors les briques de départ (qui ne ressemblent plus du tout au pétrole initial, et dont les propriétés physico-chimiques sont totalement différentes) pour une multitude de nouvelles substances. Par exemple, en utilisant les briques de base d’un jeu de Légo (les fractions isolées et purifiées du pétrole), on pourra construire un château du Moyen-Âge (par exemple un polymère artificiel comme le polyéthylène PE ou le polyéthylènetéréphtalate PET ou encore le Nylon) ou une formule 1 (par exemple une molécule pharmacoactive comme l’ibuprofen contre les inflammations, ou une molécule volatile possédant une fragrance agréable et utilisable dans un parfum).

Certes, dans ces substances sophistiquées issues du génie créateur du chimiste, se cachent des atomes qui étaient initialement présents dans le pétrole, mais ces atomes ont été réarrangés en des nouvelles molécules qui ne partagent plus aucune similitude avec le pétrole.

Lorsqu’on utilise un papier alimentaire de boucherie, celui-ci peut être un papier enduit d’un corps gras (le papier gras de la boucherie, contenant généralement des dérivés de la paraffine), ou il peut être un papier conventionnel sur lequel un fin film de matière plastique (p.ex. du polyéthylène) a été plaquée. Dans tous les cas, les substances organiques (à base de carbone) utilisées (la paraffine ou le polyéthylène) ne sont pas du pétrole, au même titre qu’une pâte à gâteau n’est plus le simple mélange hétérogène de farine, d’eau et de sucre, mais un produit transformé qui n’a plus rien à voir avec les matières de départ.