1) Beaucoup de personnes croient qu’en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre (GES) de façon draconienne le système climatique résorberait l’excédent des concentrations en quelques années et tout rentrerait par la suite dans l’ordre comme s’il n’y avait jamais eu de changement climatique. La notion de retour en arrière vers un état préindustriel du système n’existe pas aux échelles de temps qui nous préoccupent. En effet, le temps de résidence des GES atmosphériques est très long, notamment pour le principal responsable du réchauffement d’origine anthropique, le CO2, qui a une durée de vie dans l’atmosphère de l’ordre du siècle.

Supposons que nous arrêtions maintenant les émissions de toutes provenances, la concentration atmosphérique en CO2 ne décroîtrait que lentement et il faudrait en théorie quelques milliers d’années pour que sa concentration revienne à son niveau préindustriel. Quelles que soient les mesures de « correction » écologiques comme vous l’indiquez, mais aussi politiques et socio-économiques adoptées aujourd’hui, le réchauffement issu des gaz anthropiques émis depuis des lustres se poursuivra pour encore longtemps.

2) Vos questions sont à propos mais la réponse est difficile à traiter car nous manquons de recul. Le message que je veux faire passer est le suivant : le système climatique est tellement complexe qu’il est difficile de préciser une évolution exacte. On peut juste constater ce qui se passe sur la base d’observations disponibles et de tenter des simulations avec des modèles numériques.

De plus, n’étant pas océanographe, il m’est difficile de faire le tri dans les études récentes et sérieuses. Selon une étude publiée dans la revue Nature par un chercheur norvégien et son équipe, le courant froid, principal moteur du Gulf Stream, tous deux faisant partie de la circulation thermohaline de l’Atlantique Nord, perdrait de sa vigueur. Toutefois, les chercheurs ne peuvent lier cette perte d’intensité au réchauffement climatique d’origine anthropique. Or, une autre étude récente menée par des océanographes de la Nasa démontre que dans l’Atlantique la circulation thermohaline n’a nullement faibli durant la dernière décennie, repoussant une nouvelle fois le scénario catastrophe d’un ralentissement du Gulf Stream.

3) Scénario futur ? Selon une hypothèse d’ailleurs rapportée dans un des rapports du GIEC, le réchauffement climatique pourrait entraîner un affaiblissement voire l’arrêt de la circulation thermohaline suite à la diminution de la salinité et à l’augmentation de la température de l’océan Arctique. L’idée a été entretenue par les média que la circulation des eaux empruntant le Gulf Stream sur une partie de son trajet pourrait s’arrêter et donc arrêter le Gulf Stream lui-même.

En conclusion, on ne peut encore rien prévoir à propos des conséquences possibles d’une modification du climat européen ainsi que des catastrophes conséquentes à la présumée disparition du Gulf Stream.