Bonjour,

Merci pour votre question, elle nous permet de contredire une rumeur persistante qui circule dans le public.

En effet, à chaque fois qu'une nouvelle technologie permettant d'économiser l'énergie est proposée, circulent immédiatement des rumeurs sur l'énorme quantité d'énergie grise qui rendrait cette solution peu intéressante. S'il est légitime de se poser cette question, il faut se méfier des affirmations qui ne sont basées sur aucune étude sérieuse. Il semble d'ailleurs que toutes les rumeurs qui nous permettent de justifier notre non-action ou notre non-changement et nous donnent ainsi bonne conscience ont un succès inégalé. Contrairement à vous, le public n'est généralement pas trop curieux quant à la véracité de ces rumeurs, "trop heureux" peut-être d'avoir trouvé un argument pour ne rien changer à ses habitudes...

En Suisse, il faut souvent moins d'un an à un capteur thermique pour rendre l'énergie grise qui aura servi à sa fabrication. Quant à un capteur photovoltaïque, on estime généralement ce retour à 3-4 ans. Sachant que, comme vous le signalez, ces installations ont des durées de vie d'environ 25 ans, le bilan est donc extrêmement favorable.

Il reste que le calcul de l'énergie grise est toujours complexe (où s'arrêtent les limites du calcul, doit-on tenir compte des émissions polluantes, etc...). Selon les hypothèses et le type de capteur, les chiffres peuvent varier fortement entre les différentes études qui ont été publiées à ce sujet.

Voici quelques sources sérieuses, qui permettent d'avoir une bonne idée du temps de retour :

Pour le photovoltaïque

Le département américain de l'énergie annonce que l'énergie grise est "rentabilisée" entre 1 et 5 ans selon les capteurs photovoltaïques.

http://www.nrel.gov/docs/fy05osti/37322.pdf (en anglais)

Une autre étude du NRL (National Renewable Energy Laboratory - US Department of Energy) propose un retour entre 1 et 4 ans selon la technologie des capteurs photovoltaïques.

http://www.nrel.gov/docs/fy99osti/24619.pdf (en anglais)

Une étude hollandaise (qui tient compte de l'ensoleillement local) annonce un retour de 1,3 ans (+ l'énergie grise du cadre aluminium 0,4 ans)

http://www.chem.uu.nl/nws/www/publica/95057.htm (en anglais)

Pour le solaire thermique

La technologie étant plus simple (métal + vitre) et la quantité d'énergie récupérée supérieure aux capteurs photovoltaïques, il est assez évident que le capteur thermique produit beaucoup plus d'énergie que celle nécessaire à sa fabrication.

Une étude sur le site Science Direct conclu à un retour de 0,5 à 2 ans :

http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B6V50-49S6RRD-1&_user=10&_rdoc=1&_fmt=&_orig=search&_sort=d&_docanchor=&view=c&_searchStrId=1003174055&_rerunOrigin=google&_acct=C000050221&_version=1&_urlVersion=0&_userid=10&md5=e3e13a56b97ee23e6f5ef8b9bc739fb0

La Société Suisse pour l'Energie Solaire (SSES) annonce que le retour est souvent de moins d'un an, même si en moyenne le temps de retour moyen est de 2 ans. http://www.sses.ch/fileadmin/x_bibli/8_downFiles/5_wissen_info/Solarwaerme_I_II_fr_05.pdf

Il est à noter qu'une fois que quelques études sérieuses ont été menées et ont démontré un résultat positif, les scientifiques ne voient pas forcément l'utilité de refaire ce qu'ils considèrent comme des acquis. Malheureusement les rumeurs persistent et le grand public n'est pas au courant que des calculs sérieux qui contredisent les allégations infondées ont déjà été effectués de longue date.