Cher Monsieur, c’est une question tout à fait pertinente que les scientifiques étudient constamment. Les concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre (autres que la vapeur d’eau), notamment celle du dioxyde de carbone, le fameux CO2, ne cessent d’augmenter, principalement à cause des activités humaines. Les premières mesures effectuées à Mauna Loa à Hawaï (1) indiquaient des concentrations en CO2 de 316 parties par million (ppm) en 1959 alors qu’elles ont dépassé les 408 ppm en 2018. Aussi, la vitesse d’augmentation de la concentration du CO2 ne cesse également de croître depuis le début des mesures, ce qui signifie que ce gaz s’accumule davantage d’années en années dans l’atmosphère. Or, le climat planétaire est sensible aux concentrations atmosphériques de ce gaz à l’origine de l’effet de serre naturel, renforcé par les activités d’origine anthropique.

L’observation montre que la température moyenne planétaire entretient un lien étroit avec l’évolution des concentrations en gaz à effet de serre, les mesures directes et indirectes (carottes de glaces, sédiments marins, cernes de croissance des arbres, etc.) montrent cependant le caractère très inhabituel de son évolution récente. Aussi, un moyen scientifique complémentaire destiné à mieux comprendre la réponse climatique face à cette évolution consiste à simuler le climat à l’aide de modèles numériques.

Une des applications de la modélisation climatique vise à tester et à analyser la réponse de ces modèles aux émissions de gaz à effet de serre et autres aérosols atmosphériques d’origine anthropique. Ces gaz perturbent le climat suite à la modification du bilan radiatif de la Terre, par l’entremise du renforcement de l’effet de serre naturellement présent et indispensable au maintien de la vie. L'amplitude de la réponse de la température dépend de l’ampleur des perturbations, au premier rang desquelles figure l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), les concentrations atmosphériques de CO2, de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O), trois gaz à effet de serre, ont progressé pour atteindre de nouveaux records à l’échelle planétaire. Et rien n’indique un renversement à venir de cette tendance!

Les résultats issus des comparaisons des modèles qui reproduisent bien la période écoulée depuis 1850 confirment ce que les scientifiques appréhendaient: le réchauffement sera plus important à l’horizon 2100 que ne le prévoyaient les versions précédentes citées dans le dernier rapport du GIEC (2), en particulier pour les scénarios les plus pessimistes en émissions. À l’heure actuelle, la température moyenne planétaire se trouve plutôt dans le haut de la fourchette des "plausibles".

Ainsi donc, selon le scénario le plus "pessimiste" – croissance économique rapide alimentée par des énergies fossiles – le réchauffement planétaire moyen pourrait atteindre 6 à 7 °C en 2100 par rapport aux températures préindustrielles, soit plus que dans les précédentes évaluations.

(1) Site Web Earth System Research Laboratory Global Monitoring Division de la NOAA: www.esrl.noaa.gov/gmd/ccgg/trends
(2) GIEC/IPCC, site Web: www.ipcc.ch