Bonjour Killian, et bravo pour ta vocation! C’est rare, les gens de ton âge qui ont fait leurs choix et ont un aussi beau projet de carrière et de vie, un projet de société et non une ambition égoïste. C’est souvent dans l’empathie et la relation aux autres que l’on trouve les plus grandes satisfactions personnelles et tu ne seras pas déçu! Revenons maintenant à ta question, qui n’est pas simple et pour laquelle je resterai dans un cadre strictement scientifique. Les théories scientifiques sont, par définition, réfutables – elles doivent pouvoir être invalidées par l’observation ou l’expérience, provisoires – des faits nouveaux peuvent les rejeter ou les changer, et incomplètes- elles ne prétendent pas répondre à toutes les questions possibles. En particulier, elles répondent souvent aux questions du type "comment?" et rarement aux questions du type "pourquoi?", surtout quand ces dernières concernent des causes ultimes lointaines. Ensuite, tu as raison de rejeter les réponses du type  "pour qu'elle puisse muter et évoluer" qui sont du type "finaliste", parce qu’elles supposent que la vie, cellulaire en particulier, a un projet. Ce que rien ne suggère dans l’état actuel des sciences. Je vais commencer à chercher à répondre avec une autre question, préliminaire : comment la division cellulaire est-elle apparue dans l’histoire de la vie? Les origines de la vie, il y a plus de 3 milliards d’années, probablement dans l’eau et à l’état microscopique, n’ont pas laissé d’autres traces que les êtres vivants actuels, descendants généalogiques des premiers vivants. Ceux-ci étaient sans doute des molécules chimiques qui avaient acquis la propriété de se reproduire en milieu favorable. Malgré toutes les hypothèses et expériences faites, dans les conditions bien différentes d’aujourd’hui, on ne sait rien des événements historiques qui ont permis, à partir de ces molécules auto- reproductrices, d’élaborer la ou les premières cellules vivantes. Simplement, pour être vivantes, ces cellules devaient être capables de dédoubler leurs patrimoines génétiques, et ces derniers devaient pouvoir reconstituer la totalité des cellules filles issues de cette reproduction. Ayant difficilement répondu au "comment?", par des hypothèses théoriques que l’histoire ne permet pas de tester, je dois maintenant avouer que je n‘ai pas de réponse scientifique au "pourquoi?" de ta question. Et c’est là la limite de la science, qui n’a pas les moyens, ni le devoir, de répondre à toutes les questions. Mais la force de la pensée scientifique rationnelle, face à toutes les croyances arbitraires, c’est justement de connaître et de dire, aussi, ce qu’elle ne sait pas. Les bons scientifiques sont ceux qui connaissent les limites de leur savoir et ne cherchent pas à répondre, par des pirouettes, aux questions auxquelles ils n’ont pas de réponse!