Le port 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, d'un corset serré fait que peu à peu, les côtes basses flottantes se resserrent, les organes vitaux se répartissent au-dessus et au-dessous de la taille, permettant l'affinement progressif de celle-ci. Ces modifications sont lentes et très progressives. Il est illusoire de vouloir réellement changer son corps par le port occasionnel d'un corset. En effet, le corps reprend le même aspect qu'avant dès que l'on enlève le corset.

Le laçage trop fort au niveau de la taille déplace les chairs, les hanches s’épaississent. Le corset comprime aussi les organes internes. Le fonctionnement des poumons est entravé. La capacité stomacale diminuée, forçant la personne à se nourrir de plusieurs petits repas par jour. Les organes tels que le foie changent de position et de forme pour pouvoir continuer à fonctionner malgré la gêne provoquée. Si un organe se déplace, il modifie la position des organes qui lui sont proches. De ce fait, les viscères se déplacent vers le bas et appuient sur la vessie et l’utérus, qui se déforment. Les organes génitaux se trouvent donc plus bas que le siège naturel, ce qui complique les grossesses. Le corset peut provoquer des fausses couches, l’utérus diminué dans sa taille et bas placé, gêne l’embryon pour se développer naturellement. A la longue, on peut aboutir à un prolapsus: le déplacement anormal de la vessie et/ou de l'utérus et/ou du rectum vers le bas, avec, éventuellement, l’issue de ce (ces) organe(s) à l’extérieur, à travers l’orifice vulvaire ou à travers l'anus.

Le corset soutient artificiellement le tronc. Les muscles dorsaux et surtout abdominaux servent beaucoup moins et s'atrophient, ce qui détruit le relief de l’abdomen et son principal soutien. Le ventre devient flasque et pendant. On est dans un cercle vicieux: le corset apporte des déformations qui ne peuvent être réduites que par son port continuel. Le frottement quotidien et prolongé des baleines provoque irritations et échauffements de la peau.

Au siècle dernier, on a raconté que certains médecins enlevaient les côtes flottantes des femmes pour qu'elles puissent serrer davantage leur corset. En réalité, il n'existe aucun cas documenté de ce genre, sans compter que cela aurait demandé une technique chirurgicale complexe et que l'anesthésie de l'époque n'était pas anodine. Cependant, il est vrai que l'usage du corset dès la puberté provoquait une déformation des côtes assez typique et suffisamment importante pour qu'elles laissent une empreinte sur le foie bien connue des anatomistes jusqu'aux années 1980 (date des autopsies des dernières femmes à avoir porté un corset durant leur puberté).

Ce genre de choses fait partie des diverses pratiques de modifications corporelles (body modification) comme le piercing, le tatouage, le branding... il s'agit d'imprimer volontairement une marque personnelle sur son corps, de le modeler de la façon dont on le désire, en en tirant fierté et personnalisation esthétique - dût-on subir, comme pour toutes modifications corporelles, la désapprobation de ceux qui ne partagent pas les mêmes choix ou ne les respectent pas chez les autres.

La médecine (du latin : medicina, qui signifie "art de guérir, remède, potion") consiste à étudier l'organisation et le fonctionnement normal du corps humain, et à chercher à restaurer la santé par le traitement des pathologies. En aucun cas à modifier le corps, en provoquant des effets secondaires potentiellement graves.

En tant que médecin, je ne puis donc que déconseiller le port systématique d'un corset serré ou l'ablation des côtes flottantes.