Salut !

Ta question – pourquoi notre humeur fait effet sur nos émotions – est en fait très difficile à répondre. A vrai dire, mêmes les plus grands et les plus grandes scientifiques d’aujourd’hui n’ont pas trouvé de réponses tout à fait satisfaisantes! Néanmoins, je vais te donner ce qui me semble être un début de réponse prometteur.

Pour cela, commençons par imaginer Jean-Pierre, un grand-père de 95 ans, qui doit descendre du train. Pour Jean-Pierre, les hautes marches du wagon constituent un réel danger. Il n’a plus toute sa force et s’il tombe, cela pourrait être très grave. Il pourrait facilement se casser quelque chose. Descendre du train constitue donc un réel danger pour lui. Ainsi, c’est normal que Jean-Pierre éprouve une légère peur lorsqu’il arrive à Lausanne Gare.

Par contre, Aïcha, une jeune femme de 20 ans en parfaite forme physique, descendra les mêmes marches sans aucun souci et n’éprouvera pas la moindre peur. C’est normal: puisqu’elle est jeune et agile, les risques qu’elle tombe en sortant du train sont vraiment minimes. Elle descend donc les marches sans vraiment y penser, tout en légèreté.

On voit ici qu’à cause de leurs différences, Jean-Pierre et Aïcha ne ressentent pas la même émotion. Parce que Jean-Pierre est vieux et faible, il est vulnérable, fragilisé et ressent une angoisse, une angoisse qui échappe complètement à la jeune Aïcha. Je pense que c’est un peu la même chose avec les humeurs.

Afin de voir pourquoi, imaginons un matin vraiment naze : tu as passé une mauvaise nuit pleine de cauchemars, ton petit-déjeuner était vraiment pas bon, et – cerise sur le gâteau –ton petit frère a pas arrêté de crier tout du long du chemin de l’école. A cause de tout ça, tu as les nerfs en boule ; tu es de mauvaise humeur. Dans cette situation, tu es vulnérable dans un certain sens, comme Jean-Pierre le grand-père. Bien sûr, tu n’es pas vieux et faible comme lui, mais on peut s’imaginer que la mauvaise nuit, le mauvais petit déj’, et les cris de ton frère aient en quelque sorte épuisé tes batteries. Tu es fatigué·e, tu en as marre et c’est à peine 10h du matin!

Imagine maintenant que, sans faire exprès, quelqu’un te bouscule à la récré. Je dirais qu’il y a plus de chances que tu t’énerves ou sois triste à cause de cette bousculade ce matin-là que si tu t’étais fait·e bousculer un autre matin, un maint où tu aurais passé une bonne nuit, mangé un excellent petit-déj’ et où tu n’aurais pas dû subir des cris stridents dès le réveil. On voit ici un exemple où ta mauvaise humeur a pu faire effet sur tes émotions. Si tu n’étais pas de mauvaise humeur, tu n’aurais pas éprouvé de tristesse ou de colère.

Mais alors comment ça se fait? Eh bien, c’est possible que ce soit comme pour Jean-Pierre le grand-père: ton émotion est en partie explicable parce que tu étais plus vulnérable, plus fragile ce matin-là. Si tu avais tes batteries rechargées à 100%, que tu étais en pleine forme, tu aurais été plus fort·e et moins enclin·e à éprouver des émotions négatives. Comme Aïcha qui descend du train, tu n’aurais eu aucun souci à ce qu’on te bouscule, tu l’aurais pris avec légèreté.

Ainsi donc, voilà ma réponse à ta question: il me semble probable que, en tout cas dans certains cas, notre bonne humeur est le signe qu’on est en forme et notre mauvaise humeur signale qu’on est fragilisé. Or, si l’on est en forme, on sera moins enclin à éprouver des émotions négatives (par exemple: peur, tristesse, colère) que lorsqu’on est fragilisé. C’est donc un peu comme Aïcha et Jean-Pierre: Aïcha qui est en forme est moins encline à éprouver de la peur que Jean-Pierre qui est fragilisé.

J’espère que ce début de réponse te satisfait et que tu vas continuer à réfléchir à l’effet que les humeurs ont sur nos émotions.