A chaque nouvelle génération, la progéniture d’un organisme hérite de l’ensemble du génome de ses parents. Une copie identique, à l’exception de quelques erreurs de retranscription distribuée de manière aléatoire sur l’ensemble des gènes. Ces mutations n’ont pour la plupart aucun effet et représentent surtout des modifications du matériel existant plutôt que l’apparition de motifs complètement originaux. C’est pourquoi, sur le court terme en tout cas, les chiens ne font pas des chats.


Cela dit, depuis le néolithique, l’espèce humaine a replanté le grain des plantes qui la nourrissaient le mieux et apprivoisé puis reproduit les petits des loups les moins farouches pour en faire de fidèles compagnons. Ceci a finalement produit des organismes aux caractères assez différents de ceux de leurs ancêtres. Ainsi, moyennant du temps et de nombreuses générations, un loup peut quand même faire un chihuahua. Cette pratique, la sélection, est limitée car elle repose sur la chance de l’apparition spontanée du caractère recherché, c’est-à-dire de la mutation qui permet cette nouveauté.


Le génie génétique permet d’éditer le génome de manière ciblée pour produire un caractère donné. Son principal inconvénient réside dans les connaissances nécessaires pour identifier les facteurs génétiques et les mécanismes biologiques à l’origine de ce caractère ainsi que les effets indésirables d’une telle modification. C’est pour ça que dans de nombreux cas, nous continuons la sélection et le croisement des variétés intéressantes. Par exemple, pour adapter les espèces cultivées aux changements climatiques et sans connaître les facteurs génétiques qui vont influencer la résistance de nos plantes, nous allons piocher dans des banques de semences afin de sélectionner des variétés mieux adaptées. Ces banques de semences fonctionnent ainsi comme une réserve de gènes qu’on n’a pas encore décryptés.


En définitive, le génie génétique permet simplement de ne pas attendre à ce que le hasard et le temps produise les caractères voulus, qui d’ailleurs dans certains cas n’ont aucune chance d’apparaître spontanément du vivant de l’espèce humaine. Par exemple, aujourd’hui, l’insuline utilisée pour le traitement du diabète est majoritairement produite dans des levures ou des bactéries à qui on a ajouté un gène codant pour l’insuline humaine. Sans le génie génétique, nous aurions continué à extraire l’insuline du bétail, pour laquelle une tonne de porc était nécessaire pour en purifier 100 grammes.