La peau n'est en effet pas parfaitement imperméable. Tout ce qui entre en contact avec elle est en partie absorbé: fibres de vêtement, résidu de produits de nettoyages dans les vêtements, polluants atmosphériques et, à fortiori, contenu des cosmétiques. On observe relativement fréquemment des allergies cutanées aux lessives ou aux colorants des vêtements qui témoignent de la pénétration de ces substances dans l'organisme, ou par exemple des allergies cutanées à des pollens aéroportés.

Concernant l'application du principe de précaution aux sels d'aluminium dans les déodorants (voir dossier de la RTS), il est à noter qu’aucune innocuité (absence de toxicité) n'a été démontrée de façon formelle pour quelque cosmétique que ce soit. Il n'y a pas d'étude stricte humaine pour les composants individuels, et encore moins pour les différents mélanges possibles de ces composants. Dans le dossier de la RTS, on propose par exemple de substituer un composant, ce qui ne fait que déplacer le problème sur une autre substance. Un débat récent dans l'actualité concernant les crèmes solaires a mis en évidence cette problématique. Des propositions comme le transfert de la production des crèmes solaires de l'industrie cosmétique vers l'industrie pharmaceutique afin de mieux en contrôler la composition ont été discutées, avec un rappel final de la société suisse de dermatologie: la crème solaire est un dernier recours, l'attitude recommandée est d'éviter l'exposition solaire, et ceci en partie parce que l'on ne peut garantir l'innocuité des crèmes solaires (outre un problème d'efficacité de protection).

En outre du point de vue strictement médical, les cosmétiques n'ont, surtout, pas fait preuve de bénéfices réels.

Somme toute, de mon point de vue, aucun cosmétique ne devrait être utilisé, puisque nous n'avons pas de preuve formelle ni d'efficacité ni d'innocuité de ces produits, indépendamment du contenu en sels d'aluminium.

Il est à noter que les travaux de recherche mentionnés dans ce dossier ont un intérêt relativement limité. Toute substance appliquée ou consommée de façon incorrecte est nocive, ce qui signifie que des effets nocifs peuvent sans doute être obtenus expérimentalement avec n'importe quelle substance.

Quant à l'absence d'application du principe de précautions malgré ces résultats, il existe une autorité de surveillance et, dans un monde où l'alcool, le tabac, la pollution atmosphérique et celle des eaux ne sont pas contrôlés, je peux imaginer qu'ils ont d'autres priorités. A l'heure actuelle, il s'agit donc d'une décision individuelle d'utiliser ou non des cosmétiques en sachant qu'il n'y a, au final, pas de preuve qu'un déodorant sans sel d'aluminium est moins nocif que celui qui en contient.