Les premières expériences réussies ayant impliqué des cellules somatiques (autrement dit des cellules non sexuelles) dans un but de clonage ont été menées sur un amphibien, le Xénope, par le biologiste John Gurdon à la fin des années 1950. Presque un demi-siècle plus tard, en 1996, le premier mammifère est enfin cloné. Il s'appelle Dolly et c'est une brebis. Les responsables de ce tour de force sont Ian Wilmut et Keith Campbell, deux chercheurs écossais; deux scientifiques dont le nom est aujourd'hui moins connu du public que celui de leur clone.

Nombre de progrès scientifiques se basent sur des connaissances nouvelles ou sur la mise au point d'un outil inédit; mais ça n’est pas le cas du clonage. Avant Dolly, il n'existait pas de réelle barrière scientifique au clonage de mammifères, qu'elle soit technique ou liée à la compréhension de processus du vivant. La pratique du clonage est somme toute relativement simple. Par contre, il existait un blocage psychologique, qui a freiné la recherche dans le domaine. En effet, durant plusieurs dizaines d'années, le monde scientifique a vécu avec la conviction que l'opération de clonage était impossible chez les animaux à mamelles. Ce qui a été nécessaire pour dépasser cette stase mentale, ce sont des chercheurs particulièrement obstinés. Ils ont ainsi fait face au problème majeur du clonage, qui est le taux de réussite particulièrement bas. Il était alors en effet nécessaire de produire des centaines d'embryons, qui devaient ensuite être transférés dans des mères porteuses, pour pouvoir espérer obtenir un seul animal cloné. Ça n'est pas pour rien que la publication de Dolly ne nous parle que d'un seul animal; l'obtention d'un deuxième clone aurait demandé trop d'efforts.

Depuis notre brebis, des dizaines d'espèces ont été clonées, allant de la souris au cheval en passant par le cochon. Les techniques ont progressé (l'efficacité du processus reste toutefois basse), si bien que si on désire aujourd'hui reproduire, au sens propre du terme, une belle et particulièrement productive vache laitière, il suffit de contacter certaines compagnies, de débourser quelques dizaines de milliers de francs, et le tour est joué.