Société
Depuis quand porte-t-on des chaussures?
Réponse de Martine Piguet
Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie
Institut Forel
Université de Genève
Les plus vieilles chaussures proviennent d'Arménie où un exemplaire a été daté de 3600 av. J.-C. Elles précèdent de quelques centaines d'années les chaussures d'Ötzi, l'homme des glaces trouvé dans les montagnes italiennes. Les chaussures néolithiques sont en cuir fermées par des lacets, et peuvent contenir, comme dans le cas d'Ötzi, un filet d'herbe tressées qui maintenait le foin fourrant la chaussure pour isoler les pieds du froid. A l'époque romaine, les semelles en cuir mais aussi en bois sont souvent fixées par des clous en fer qui constituent généralement les seuls restes de la chaussure. Au moyen-âge on assiste à une évolution rapide des différents styles de chaussures, à haute tige, à plate-forme, à bout allongé, ce qui permet aux archéologues de les dater avec précision.
En effet, les chaussures sont un très bon outil de datation comme nous l'apprend la calcéologie, l'étude des chaussures archéologiques. Ce type de datation est basé sur la typologie, méthode très utile en archéologie qui repose sur l'évolution d'un objet d'après sa forme, son décor, son matériau. Il existe des typologies pour chaque catégorie de vestiges car ceux-ci évoluent en fonction de la mode et des apports technologiques. Pour chaque période, les archéologues ont défini un ensemble d'objets caractéristiques. Pour les périodes anciennes de la préhistoire, les outils en pierre sont les plus fiables alors que pour le Néolithique ce sont les poteries qui sont les plus utilisées. Encore employée aux périodes suivantes, l'étude de la céramique est complétée par celle des objets de parure en bronze (épingles, bracelets, fibules), dont l'évolution très rapide permet de dater parfois avec plus de précision qu'une datation absolue comme le carbone 14. C'est le cas de la chaussure, qui pour certaines périodes médiévales permet de dater à une dizaine d'années près.