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Un peu d'histoire

Au XVIIe siècle, les Français s'installent en Haïti pour exploiter la canne à sucre et le café
Au XVIIe siècle, les Français s'installent en Haïti pour exploiter la canne à sucre et le café
L'île d'Hispaniola a été découverte par Christophe Colomb en 1492. Elle est alors habitée par deux populations autochtones: les Arawaks et les Caraïbes. Toutes deux seront rapidement décimées par les travaux forcés (extraction d’or) auxquels les Espagnols les soumettent. Pour remplacer cette main-d'œuvre, les colons font appel à des esclaves africains. Avec les Mulâtres (métis), ils sont les ancêtres de l’immense majorité des Haïtiens.

Au milieu du XVIe siècle, le filon aurifère s’épuisant, les Espagnols concentrent leurs efforts sur la partie ouest de l’île. Malgré leurs efforts pour les repousser, ce sont alors les Français qui s’installent sur les terres abandonnées par les Espagnols. Ces nouveaux colons ont eux aussi recours aux esclaves africains, cette fois pour travailler dans les plantations de sucre et de café.

En 1697, les Espagnols reconnaissent la souveraineté des Français sur la partie occidentale de l’île. Ces derniers y fondent en 1749 leur capitale, Port-au-Prince. De toutes les colonies européennes du Nouveau Monde, celle qu’on appelait alors "a Saint-Domingue française" devient la plus lucrative, devançant même les États-Unis. À la fin du XVIIIe siècle, 700’000 esclaves noirs sont employés dans les plantations, encadrés par 30'000 Blancs.

L'heure de la révolte

En 1791, les Noirs commencent à se révolter, menés par leurs chefs, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe, Alexandre Pétion et Toussaint Louverture qui, après s’être brièvement rallié au gouvernement français reprend les armes contre la France. Le terme de cette guerre de libération est marqué par la capitulation de l’armée française en 1803. L’indépendance est proclamée quelques mois plus tard, faisant de Haïti la première république noire libre.

Si la déclaration de l’Acte d’indépendance rédigée en 1804 stipule l’intention "…d’assurer à jamais aux indigènes d’Haïti un gouvernement stable", les faits la contrediront grandement. Entre 1804 et 1957, sur 36 chefs d’État, 24 seront assassinés ou renversés. Le premier d’entre eux, Jean-Jacques Dessalines, ne reste en poste que deux ans, jusqu'à son assassinat. Le record de longévité est tenu par Jean-Pierre Boyer qui, après avoir annexé la partie espagnole de l’île, gouverna pendant 25 ans.

En 1825, Charles X, roi de France, reconnaît enfin l’indépendance du pays. Mais pas gratuitement. Il exige le payement d’une indemnité de 150 millions de francs-or. Après négociation, la somme est réduite à 90 millions. Malgré de nouveaux impôts, aussi lourds qu’impopulaires, il faudra plus de cent ans à Haïti pour s’acquitter de cette dette.

La période U.S.

Dès 1910, les États-Unis commencent à s’installer en Haïti et à s’en approprier. Ils y construisent des voies ferrées et chassent les paysans sans titre de propriété. En 1915, prenant le prétexte de la Première Guerre mondiale, ils occupent militairement le pays. En fait, ils ne font que défendre les intérêts d’une de leurs banques d’affaires. En 1918, pour combattre une insurrection générale, Washington met en place un gouvernement à ses ordres en gardant un droit de veto sur les décisions gouvernementales. Pendant cette période, 40% des revenus de l’État sont contrôlés par les Américains.

Les Haïtiens sont, dès le départ, très hostiles à l’occupant qui n’hésite pas à les fusiller par centaines lorsque cela lui semble nécessaire. Les États-Unis contribuent néanmoins à moderniser le pays au niveau de ses infrastructures (téléphone, routes, éclairage, etc.). Pendant l’occupation, la répression américaine fait au moins 15’000 morts et provoque le départ de près de 250'000 paysans vers Cuba et la République Dominicaine. Les États-Unis quittent Haïti sous la présidence de Roosevelt, en 1934. En pleine crise économique mondiale, c’est le retour de l’instabilité politique.

Les Duvalier

Après une période très agitée qui voit l’armée exercer le pouvoir, François Duvalier, dit "Papa Doc" est élu président. Il impose dès le début de son mandat une politique dictatoriale: interdiction des partis d’opposition, instauration de l’état de siège, utilisation d’une milice paramilitaire, les tristement célèbres "tontons macoutes". Avec l’aide de cette garde personnelle, il neutralise l’armée et, en 1964, se proclame "président à vie". En modifiant la Constitution, il désigne son fils Jean-Claude comme successeur.

En 1971, Jean-Claude Duvalier, 19 ans, accède à la présidence du pays. En raison de son très jeune âge, on le surnomme "Baby Doc". Comme son père, il tient le pays d’une poigne de fer mais, à cause de la corruption et de l’incompétence, son régime s’enlise. Il finit par être renversé, en 1986, par un soulèvement populaire et part se réfugier en France. Une junte militaire reprend alors le pouvoir, remplacée à la faveur d’un coup d’État par un général (Prosper Avril), poussé à la démission en 1990 ce qui permet l’organisation d’élections sous contrôle international.

Lueur d’espoir

Au terme de ces élections, c’est un prêtre catholique du nom de Jean-Bertrand Aristide qui est élu président. Celui qui s’était fait l’avocat des pauvres redonne un peu d’espoir au peuple haïtien. Mais moins d’un an après son élection, il est renversé par une junte militaire et se réfugie aux États-Unis. C’est le retour d’une grande instabilité économique et politique qui décide les Américains à intervenir militairement, en 1994. Aristide est alors rétabli dans ses fonctions mais, en fin de mandat, cède sa place l’année suivante à son ancien premier ministre, René Préval.

Le nouveau président tente de remettre un peu d’ordre dans les institutions du pays mais il ne parvient à former un gouvernement de coalition qu’en 1998, après plusieurs assassinats politiques. En 2000, retour controversé d’Aristide aux commandes du pays. Son élection est en effet marquée par de nombreuses irrégularités qui plongent le pays dans une énième période de troubles. Redoutant un nouveau coup d’État, "Titid" comme on l’appelle, serre la vis et devient aussi autoritaire que nombre de ses prédécesseurs. Il démissionne en 2004, juste avant l’arrivée d’une force internationale envoyée par l’ONU pour ramener l’ordre dans la capitale. En février 2006, après un dépouillement chaotique, René Préval est une nouvelle fois élu à la présidence. Il reste en poste jusqu'à mai 2011, date à laquelle Michel Martelly reprend les rênes du pays.

RTS Découverte

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