Jacques Tati dans "Playtime".
AFP

"Playtime", Jacques Tati, 1967

"Playtime", le 4e film de Jacques Tati, est un film monument, poétique et drôle, interrogeant notre rapport à la modernité, à lʹuniformisation. Il sort en 1967, monté et remonté, élagué, décrié, ressorti en juillet 2004 en version restaurée et enfin acclamé.

Ce sera sa renaissance après 30 ans de quasi oubli. Frappé de désamour en 1967, ce film a brisé la carrière de Jacques Tati. Trop lourd, trop cher, trop tout, le film est dʹune ambition extrême car le réalisateur crée une ville entière à Joinville et tourne en 70 mm, un format habituellement réservé aux westerns.

Le tournage est long. Trop long, les décors sont abimés. Tati y met toute sa fortune, sʹaccroche, sʹépuise et épuise son équipe. Le film est un échec commercial. La critique lʹégratigne. Peut-être que lʹon reproche à Jacques Tati de nʹavoir pas refait simplement une suite aux "Vacances de Monsieur Hulot".

Pourtant, "Playtime" propose de rire et de sourire dans un univers de béton où lʹhumain semble se perdre dans un monde quʹil a lui-même construit. La poésie surgit au coin dʹun labyrinthe kafkaïen de buildings, là où son personnage de Monsieur Hulot peut semer le chaos.

"Playtime" est un chef-dʹœuvre, de minutie, de malice, de drôlerie. Tout y pensé, réfléchi, avec ce quʹil faut de touche dʹabsurdité et de pas de côté. Lʹhumour explose en paillette dans des décors soignés et criants de modernité.

Ne tardons plus, un groupe de touristes américains vient dʹarriver à Orly pour visiter Paris. Cʹest comme ça que débute le film de Tati et cʹest comme ça que nous débutons cette émission.


REFERENCES

David BELLOS, Jacques Tati ; sa vie et son art, Seuil, 2002

Un CD dʹarchives sonores: Les Grandes heures INA / Radio France, Jacques Tati, un Comique de Vocation, préface Serge Toubiana, 2009

EDE, François et GOUDET, Stéphane, Playtime, Editions Cahiers du cinéma, 2002
"Playtime", Jacques Tati, 1967