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Signature : la guerre des sexes est (bientôt) finie

37 ans que ça dure. 37 ans quʹautour du 8 mars et par la coïncidence dʹun débat parlementaire se repose la question de lʹégalité salariale entre hommes et femmes. 37 ans que les acteurs de cette comédie politique rejouent leur rôle sans en changer une syllabe.
Dans le rôle du justicier, le mouvement féministe veut ériger en norme le contrôle des employeurs, par eux-mêmes dʹabord, puis par des contrôleurs et des contrôleurs de contrôleurs.
Dans le rôle du méchant de service, le patronat fait le boulot: contrôler, cʹest surveiller et surveiller cʹest le contraire dʹentreprendre. Fermez le ban.
Entre les deux camps, une convergence, nouvelle, tiens! Lʹécart de salaire entre hommes et femmes nʹest pas de 18 % - statistique officielle - mais de 8 ou 10 %. Car il y a des causes rationnelles, et même justifiables à cet écart: la maternité, la rupture de carrière, la disponibilité.
Reste donc 8 à 10 %. Seuil apparement incompressible. Cʹest la boîte noire de lʹégalité, là où clapotent la bête machiste, les pesanteurs culturelles...
Certes. Mais il y a peut-être autre chose qui remonte aux années 60 et 70 du siècle passé. Cʹest lʹépoque de lʹaugmentation régulière des salaires. Cʹest aussi lʹépoque de lʹentrée massive des femmes sur le marché du travail. Pour elles, une formidable émancipation autant quʹun piège.
Car si elles ont dʹabord occupé les métiers les moins valorisés, au fil du temps, grâce à leur formation, les femmes ont accédé à toutes les professions. Un aubaine pour le système libéral. On appelle ça une armée de réserve. Car le travail féminin fut bel et bien et objectivement une nouvelle et féroce concurrence pour les hommes qui occupaient alors lʹessentiel des emplois les mieux payés. Effet garanti : lʹaugmentation des salaires a précisément cessé à lʹaube des années 90. Cʹest là quʹa résidé le piège.
Alors, 8 à 10 % dʹécart cʹest trop. Arrivera pourtant un jour où les salaires entre sexes seront alignés, sans doute plutôt vers le bas. Car entretemps le capitalisme a trouvé dʹautres moyens pour faire pression sur les salaires. Cela sʹappelle, selon les dénominations et les points de vue, la mondialisation ou la libre circulation de la main-dʹoeuvre.
Par Michel Zendali.
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Signature : la guerre des sexes est (bientôt) finie