Les six terroristes ayant trouvé la mort juste après l'attaque sans donner le nom de leurs chefs (voir le rappel des faits ci-dessous), un seul indice permettait d'en savoir plus: des tracts en papier à la gloire du Gamaa al-Islamiya, un groupe islamiste radical, ont été retrouvés près d'eux.
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Selon des anciens sympathisants de ce groupe retrouvés par Mise au Point, c'est l'un de ses chefs, Moustafa Hamza, qui commandait l'aile militaire du groupe lors de l'attaque. Après les faits, il a été désigné comme suspect possible, mais il était en cavale et n'a jamais pu être interrogé.
Un commanditaire en prison
Un ex-compagnon d'armes affirme qu'Hamza a formé des terroristes dans le but d'attaquer un opéra dans le temple de Louxor, devant des milliers de touristes et des responsables politiques. Mais la sécurité y était trop importante et le choix s'est donc porté sur les touristes, qui sont des cibles plus faciles et qui permettaient ainsi de faire pression plus efficacement sur le gouvernement.
Après le massacre, Hamza a été en cavale. Il a été localisé en Afghanistan, en Iran et au Soudan. En 2012, on le voit en liberté, donnant une conférence au Caire après le printemps arabe. Il est maintenant en prison pour des affaires sans lien avec Louxor, a appris la RTS. Emprisonné depuis un peu plus de 3 ans, il est accusé d'être lié à une attaque sur une église chrétienne et d'avoir aidé le retour d’individus d’Afghanistan en Egypte.
Vers une prochaine libération
L'homme est détenu en périphérie du Caire dans un endroit interdit aux journalistes. Il est impossible de s'en approcher, mais son avocat a accepté de répondre à Mise au Point: "Il n'y a pas de procédure, d’interrogatoire concernant l'attaque de Louxor. Moustafa Hamza n’est pas un accusé direct. Aucune charge n'est retenue contre lui."
Son avocat se dit aussi confiant dans la prochaine libération de Hamza, car il a déjà obtenu un non-lieu en première instance pour les différentes affaires qui lui sont reprochées.
La Suisse n'a aujourd'hui fait aucune demande pour l’auditionner, et encore moins pour l’extrader.
Sujet Mise au Point: François Ruchti et Dimitri Zufferey
Adaptation web: Frédéric Boillat
Le rappel des faits
Le 17 novembre 1997, six terroristes déguisés en agents de sécurité avaient attaqué froidement des touristes venus visiter le temple de Hatshepsout, à Deir el-Bahari, près de Louxor, en Egypte. Durant de longues minutes, ils ont poursuivi les visiteurs pris au piège dans le temple et les ont abattus avec des fusils d'assaut.
Un total de 62 personnes ont été tuées, dont 36 touristes suisses. Dix Japonais, six Britanniques, quatre Allemands, quatre Egyptiens, un Français et un Colombien ont aussi perdu la vie, piégés dans le temple.
Les terroristes ont ensuite trouvé la mort durant leur fuite dans des circonstances peu claires. Il demeure difficile à dire s'ils ont été tués par la police ou s'ils se sont suicidés.
Cette attaque est le premier attentat islamiste majeur contre des civils occidentaux, prémices de la vague Al-Qaïda et groupe Etat islamique.