Tout est parti d'irrégularités en série, mises au jour en marge de l’attribution d’un mandat de surveillance pour le contrôle de quatre centres de requérants d’asile dans le nord du canton.
La société privée qui l'a décroché, sans appel d'offres, est tombée dans les mailles de la justice en février dernier - notamment pour avoir embauché un recruteur du groupe Etat islamique.
Dans l'urgence de la crise des migrants
De fil en aiguille, les médias tessinois et le magazine Falò de la RSI ont révélé des anomalies au sein de l’administration cantonale. Le dossier a mis à mal le département cantonal de la Santé et des Affaires publiques, dirigé par le ministre démocrate-chrétien Paolo Beltraminelli. Ce dernier a répondu avoir agi en toute bonne foi, au plus fort de la crise des migrants de l’été 2016, et avoir attribué le mandat en question à la société la plus avantageuse sur le marché.
Plusieurs élus de gauche ont ensuite demandé sa démission, en vain. La commission d’enquête a jusqu’au mois de juin prochain pour passer au peigne fin toutes les étapes du dossier.
Nicole della Pietra/oang
Une société liée à des investigations contre le terrorisme
Le mandat sans appel d'offres avait été attribué à la société Argo 1, qui s'est retrouvée au centre d'investigations contre le terrorisme.
Lors d'une vaste rafle en février, le Ministère public de la Confédération et celui du Tessin ont arrêté deux personnes dans le cadre de deux procédures distinctes.
La procédure cantonale vise le directeur de la société, âgé de 36 ans. Les soupçons les plus graves qui pèsent sur lui sont la séquestration et la violence envers au moins un requérant d'asile.
Un double national turco-suisse était en outre employé par l'entreprise. Il est soupçonné par la Confédération d'avoir recruté au Tessin des membres pour les organisations terroristes Al Qaïda et Etat islamique.