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Vrais et faux experts en terrorisme, le casse-tête des réactions à chaud

On nous dit rien! (vidéo) - Le bon et le mauvais expert
On nous dit rien! (vidéo) - Parmi les experts en terrorisme, tous ne sont pas sérieux / La Matinale / 3 min. / le 5 octobre 2017
Quand un attentat se produit, le premier réflexe des rédactions est de contacter des experts. Or, certains spécialistes ne souhaitent plus commenter l'actualité à chaud et mettent en garde contre les experts autoproclamés.

Jenny Raflik, enseignante à l'Université de Cergy-Pontoise et spécialiste reconnue du terrorisme, a été contactée lundi par une chaîne française d'information en continu qui voulait sa réaction à propos des attaques de Marseille et Las Vegas. Elle a refusé catégoriquement, racontant qu'elle ne voulait pas "se prêter au jeu de la réaction à chaud", relate jeudi la chronique On nous dit rien dans La Matinale de La Première.

Experts autoproclamés

Dans les mois qui ont suivi les attentats de janvier 2015, une inflation de spécialistes a été observée. En France, dans les journaux, et ce rien qu'en 2015, on estime que 600 intervenants différents se sont relayés. A l’époque, déjà, des doutes ont été émis quant au sérieux de certains experts très présents dans les médias.

David Thomson, auteur de plusieurs travaux sur la mouvance islamiste radicale, a été l'un des premiers à attirer l'attention sur le problème des spécialistes autoproclamés. Les médias ont alors procédé à une forme "d'écrémage" et certains experts ont été moins sollicités, voire blacklistés.

"Business du commentaire"

Mais le problème est-il réglé? Pas complètement. Dans sa tribune, Jenny Raflik parle d'un "business du commentaire".

Elle met en garde contre certains experts qui ne courent les plateaux télé que pour avoir une visibilité médiatique, dans le but de pouvoir mieux vendre leurs activités de consultants auprès des entreprises.

Généralement, et toujours selon Jenny Raflik, ces personnes n'ont pas fait de recherches, et ils n'ont même pas l'expérience du terrain. Ils se contentent souvent d'aller suivre quelques cours et séminaires à l'université.

Alors, comment distinguer le bon expert du mauvais expert? Pour Jenny Raflik, comme pour David Thomson, les vrais spécialistes sont souvent ceux qui refusent de s’exprimer dans le feu de l’action.

Pour les rédactions, en revanche, le tri reste difficile à faire. Certains médias choisissent, par prudence, de privilégier les experts issus du monde académique.

Renaud Malik/jvia

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