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"Very Bat Trip", une ode théâtrale à la chauve-souris à Genève

L'affiche du spectacle "Very bat trip". [amstramgram.ch]
Théâtre: Very Bat Trip / Vertigo / 5 min. / le 8 juin 2017
Jusqu'au dimanche 11 juin, le théâtre se vit la nuit au fond d'un bois à Genève, où le Théâtre Amstramgram, le Museum d'histoire naturelle et le Festival Antigel proposent un spectacle empli de chauve-souris.

Nous voici sur les falaises du Rhône, au fond du Bois de la Bâtie. La ville est à deux pas, mais Genève semble très loin. Nous sommes sous le tablier du Pont Butin, un ouvrage vertigineux du 19e siècle aux arches dressées sur le fleuve. Les voitures passent au-dessus de nos têtes, nous les entendons à peine.

Ici, règne en journée le chant des oiseaux et dès la nuit tombée les battements d'aile des chauves-souris. Vêtus de noir, des mystérieux personnages accueillent un public venu en procession à travers bois. "Ici, un mammifère sur trois est une chauve-souris", annonce Pascal Moeschler, biologiste et Monsieur chiroptère du Museum. Assis, nous écoutons l'histoire d'une cohabitation millénaire entre la chauve-souris et l'Homme. Une histoire aujourd'hui fragile.

Un histoire intime et fantastique

Mais nous ne sommes pas dans un cours de biologie ou d'éthologie. Nous sommes au spectacle. Devant nous, il y a le trio de rock Sunfast, dernier projet du chanteur romand Polar et du batteur des Young Gods Bernard Trontin. Il y a aussi deux cordistes, Emanuel Breno et Nora Bouhlala, acrobates, perchés la tête en bas dans l'arche du pont.

Il y a aussi Alice et son père (Fabrice Melquiot directeur du théâtre Amstramgram et Vera Robinson, jeune comédienne). Alice fugue, la nuit, pour s'installer ici, les pieds dans le vide, à attendre. Son père la suit, de loin, caché. Il comprend qu'elle guette les chauves-souris. Ou plutôt LA chauve-souris. Celle qui leur a parlé, loin là-bas en Indonésie, lorsque la grande vague du Tsunami a balayé leur paradis vacancier en 2004. Alice avait un an. Elle et son père sont des survivants.

Le théâtre descend dans la rue pour un "Very Bat trip"
Le théâtre descend dans la rue pour un "Very Bat trip" / La Puce à l'Oreille / 3 min. / le 8 juin 2017

Oui, les chauves-souris communiquent. Comme bon nombre d'animaux que l'homme ne sait pas entendre. Dans ce "Very Bat Trip" qui mêle monde animal, histoire intime et fantastique, nous croisons une autre créature: Baël, le démon à trois têtes, crapaud, homme et chat, un serviteur du Diable, le cauchemar des petits comme des grands.

Entre poésie et arts du cirque

"Very Bat Trip" tient du récital poétique, du théâtre, du son et lumière et des arts du cirque. Et si l'on a parfois le grand frisson, ce n'est pas de trouille. C'est à l'écoute des mots de Fabrice Melquiot, de la guitare stratosphérique de Polar, ou encore des lumières qui donnent aux arches du Pont Butin des allures de cathédrale gothique.

Ce spectacle nocturne est destiné à un public dès sept ans, mais il n'y a pas de limite d'âge supérieure pour l'apprécier. Quant aux chauves-souris, pas question de les apprivoiser ou de leur faire jouer autre chose que leur propre rôle. Ce spectacle se joue sur leur terrain et les regards se portent souvent vers le ciel, guettant leur présence, passage rapide et presque transparent d'un oreillard brun ou d'une pipistrelle à la poursuite d'un moustique.

Thierry Sartoretti/ld

"Very Bat Trip", Genève, jusqu'au 11 juin 2017.

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