Jusqu'au non à l'Espace économique européen (EEE), Jean-Pascal Delamuraz avait "un parcours à l'américaine", observe Daniel Wyss qui a réalisé le documentaire consacré au conseiller fédéral vaudois diffusé mercredi par la RTS. Et de rappeler comment cet homme, né le 1er avril 1936 à Vevey, a gravi tous les échelons.
"Il est là à chaque fois qu'il faut. Il est là pour Expo 64, il est syndic, il est conseiller d'Etat, il est conseiller fédéral pendant quatorze ans, tout lui réussit. C'est un personnage aimé de tous", relève-t-il.
L'échec cuisant du non à l'EEE
Le 6 décembre 1992 n'en sera qu'un échec plus cuisant, qui entachera la fulgurante carrière d'un homme d'Etat ambitieux, démontre le film richement documenté avec de nombreuses images d'archives.
Sur la question européenne, Jean-Pascal Delamuraz n'a pas perçu que son ambition était à côté de celle des Suisses
"Il avait une ambition pour le pays. Mais c'est là le paradoxe de Delamuraz: autant il avait une conscience de ce qu'attendait le peuple, autant il y a eu un décalage à un moment donné sur la question européenne. Il n'a pas perçu que son ambition était à côté de celle des Suisses", commente l'historien Olivier Meuwly dans une interview au 19h30.
Des excuses officielles sur l'or nazi
Mais au-delà du chapitre européen, un autre épisode a considérablement ébranlé Jean-Pascal Delamuraz, rappelle le documentaire. Une enquête sur l'or nazi qui a transité en Suisse déclenche une tempête médiatique internationale. Et le Vaudois voit rouge. Il parle de "chantage", de "rançon", et provoque la colère du Congrès juif mondial qui réclamera 250 millions de francs à la Suisse.
Il nous est extrêmement sympathique parce qu'on arrive à se reconnaître dans ses défauts
"Je regrette d'avoir blessé vos sentiments personnels et ceux de beaucoup d'autres personnes, en particulier au sein de la communauté juive, je vous assure que ce n'était pas mon intention", devra s'excuser officiellement le conseiller fédéral.
Un homme populaire sur ses terres
Tout au long de ce documentaire, des témoignages d'amis, d'alliés ou même de rivaux politiques se succèdent, dessinant en creux le portrait d'un homme politique populaire sur ses terres, mal compris outre-Sarine.
"C'est un excellent personnage de films", commente Daniel Wyss. "Il n'est pas parfait. Il nous est extrêmement sympathique parce qu'on arrive par ses défauts à se reconnaître en Jean-Pascal Delamuraz."
Le jour de ses funérailles, personnalités et anonymes partageront la même émotion. Dans l'assistance, on pleure "le seul Européen qu'on avait en notre pays".
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>> Le documentaire "Delamuraz" est diffusé mercredi à 20h10 sur RTS Un
Alexandre Bochatay/jgal