Un profil romain

Buste de Fellini réalisé par Assan Peikov en 1966. [RTS]
  • Cinéma
  • Vidéo 8 min.

14 juin 1966

Champ libre

Diffusé en 1966, ce reportage de l'émission Champ libre nous fait entrer dans l'atelier du sculpteur Assen Peikov, à Rome. Ce dernier est en en train de réaliser le buste de Federico Fellini. Le cinéaste est présent, et prend la pose.

Ce qui frappe d'emblée, c'est la relation amicale, détendue qui s'installe entre Assen Peikov et Federico Fellini, deux hommes d'un monde artistique que l'on croit différent et qui pourtant sont si proches, comme en témoigne la discussion à laquelle nous assistons.

Durant cette séance de pose chez le sculpteur, Federico Fellini ne joue pas, il partage ses préoccupations cinématographiques et se rend compte que les difficultés de la création sont les mêmes, quelle que soit le domaine d'art dans lequel on évolue.

Au terme de la séance chez Peikov, Federico Fellini semble satisfait du premier jet. Quant au téléspectateur, il a pu découvrir un Fellini patient, humain et bon vivant. Un instant d'intimité rare.

Né le 20 janvier 1920 dans une famille de la moyenne bourgeoisie de Rimini, Federico Fellini fait ses classes dans un collège religieux avant de partir en 1938 à Florence où il fait ses débuts dans le journalisme. Très vite il s'installe à Rome où il écrit des sketches pour la radio et dessine pour des journaux humoristiques. En 1943, il épouse Giuletta Masina et, à la libération de Rome, se lie d'amitié avec Roberto Rossellini pour lequel il collabore lors du tournage de Rome, ville ouverte.

Devenu un des principaux théoriciens du néoréalisme, Federico Fellini écrit des scénarios et réalise en 1951 son premier film, les Feux du music-hall qui se solde par un échec financier. Il en ira de même avec son deuxième film Courrier du coeur, tourné l'année suivante. En 1954, le conscience de la solitude le conduit à réaliser la Strada qui obtient l'oscar du meilleur film étranger et dans lequel Giuletta Masina tient le rôle principal. En 1957, Fellini décroche une nouvelle fois l'oscar du meilleur film étranger avec les Nuits de Cabiria, portrait d'une petite prostituée candide.

Mais le tournant décisif de son œuvre sera marqué en 1960 par la sortie de La Dolce Vita. Film sans conclusion qui rompt avec les règles traditionnelles de la narration cinématographique, La Dolce Vita agit comme un critique sans concession de la décadence de la société contemporaine. La nouvelle conception esthétique de Fellini s'exprime dans Huit et demi, sorti en 1963, qui lui permet de laisser libre court à l'autobiographie, à son attirance pour le surnaturel et au symbolisme baroque.

Puis Federico Fellini met en scène des aspects plus intimes de sa personnalité avec ses souvenirs de jeunesse dans Amarcord (1973) ou ses premiers émois sexuels dans Roma (1972). Son goût pour le baroque le conduit à une perception cauchemardesque de la Rome antique avec Satyricon (1969), libre adaptation de l'œuvre de Pétrone, ou de la sensualité de Casanova (1976). Sa vision de la décadence de la société, si subtilement présentée dans la Dolce vita ou de la mort (E la nave va – 1983), sa critique du monde du spectacle avec notamment Ginger et Fred (1986) et sa puissance visionnaire alliée à une constante recherche formelle font de lui un des rares auteurs complets du cinéma. Il meurt le 31 octobre 1993.