Henri Guillemin ou la passion de l'Histoire
Dans les années 60 et 70, Henri Guillemin a su partager ses passions pour l'histoire et la littérature avec des émissions au format impossible aujourd'hui. Historien inlassable, catholique fervent, il a révélé, avec une intensité frémissante, Victor Hugo, Rousseau et les auteurs du XIXe siècle, qu'il encensait ou critiquait férocement, en dévoilant l'homme intime derrière l'écrivain.
A la fin des années 60, Henri Guillemin propose à la TSR de réaliser une série d'émissions sur la Révolution française et Napoléon. Trente minutes en plan fixe, sans autre artifice que son talent de conteur et son érudition.
Je vais vous dire la vérité, il n'y a pas d'historien objectif !
Polémiste intransigeant parce qu'indigné de l'Histoire, Henri Guillemin revient sur son parcours et ses convictions en 1971. Très apprécié des téléspectateurs, il est l'invité de l'émission En direct avec. Face aux journalistes Jean Dumur et Claude Torracinta, le critique littéraire et professeur se livre sans fausse pudeur, mais avec cette distinction de l'intelligence.
Il évoque à la fois ses études en Suisse, le monde littéraire qu'il connaît et dans lequel sa voix de critique est entendue, son rapport à l'argent mais aussi à la sexualité, à la politique ou à la religion. Un exercice de confession de grande tenue.
Alors âgé de presque 80 ans, l'historien reçoit la journaliste Catherine Charbon et le réalisateur Michel Soutter dans sa maison de La Cours-des-Bois en Bourgogne. Il revient alors sur son parcours et ses convictions. En quête de justice et d'absolu, une voix singulière mais fraternelle, qui fascina autant qu'elle divisa, et qui résonne encore haut dans le prêt-à-penser actuel. Henri Guillemin s'est éteint le 4 mai 1992 à l'âge de 89 ans.
Salomé Breguet pour Les archives de la RTS