Benno Besson, un théâtre politique et joyeux
Grand Format Archives
Introduction
Il y a 100 ans, le 4 novembre 1922, Benno Besson voyait le jour à Fiez, près d'Yverdon-les-Bains. Étudiant à Zurich, il y rencontre le dramaturge et metteur en scène allemand Bertolt Brecht qui lui propose de l'accompagner à Berlin-Est. Durant trente ans, il travaillera en RDA avant de diriger, en 1982, la Comédie de Genève et poursuivre sa carrière en Europe. Voyage en archives dans la vie d'un magicien du théâtre.
Chapitre 01 La rencontre avec Brecht
Benno Besson rencontre Berthold Brecht à Zurich en 1948. Trente-quatre ans plus tard, en 1982, il revient à à Herrliberg, au bord du lac de Zurich, dans la maison où vivaient le dramaturge allemand et son épouse Helene Weigel. Un lieu qu'il a lui-même fréquenté assidûment.
En 1974, pour l'émission Plateau libre, Benno Besson s'exprime sur les liens qui l'unissaient à Brecht. Des liens qui l'ont conduit à quitter la Suisse en 1949.
En 1964, l'émission Domaine public consacre un reportage à Berthold Brecht, l'un des dramaturges les plus marquants de la première moitié du 20ème siècle.
L'aventure du Berliner Ensemble
En 1949, Benno Besson rejoint Brecht au Berliner Ensemble à Berlin-Est, le théâtre que ce dernier a fondé pour abriter sa compagnie et dont la direction est confiée à son épouse Helene. Besson y est engagé comme comédien et assistant metteur en scène. Le Berliner Ensemble sera bientôt l’un des phares du théâtre international.
Berliner Ensemble [RTS]
En 1954, Besson réalise sa première mise en scène : le Don Juan de Molière, qui sera joué au Theater am Schiffbauer, le nouveau bâtiment qui accueille le Berliner Ensemble. Cet extrait est tiré du film documentaire Benno Besson, l'ami étranger, réalisé par Philippe Macasdar.
Après la mort de Brecht en 1956, Besson, considéré par beaucoup comme son héritier spirituel, ne résistera pas aux conflits de pouvoir qui secouent le collectif artistique du Berliner Ensemble. Il s'éloigne de Berlin-Est, avant d'y revenir pour s'installer au Deutsches Theater.
Chapitre 02 Une carrière à l'Est
Entre 1961 et 1969, Benno Besson trouve au Deutsches Theater un lieu de travail privilégié. Il monte Le Dragon, du Russe Evguéni Schwartz, une pièce interdite par Staline. Mis en scène comme un conte de fées, le spectacle est un triomphe.
Nouvelle opportunité pour le metteur en scène en Allemagne de l'est. En 1969, Besson prend la direction artistique de la Volksbühne Berlin, centre social et artistique. On le retrouve durant les répétitions de la pièce Margarete in Aix, de l'auteur Peter Hacks.
Individualité et collectivité
Rencontre avec le dramaturge belge Maurice Taszman, qui travailla également à la Volksbühne de Berlin. Celui-ci évoque la manière de travailler de Besson. L'entretien est entrecoupé d'archives enregistrées à Munich lors d'une répétition de la pièce de Brecht Sainte-Jeannes des Abattoirs.
Le directeur de la Volksbühne prolonge, dans une usine nationalisée de Berlin-Est, une expérience commencée dans une aciérie italienne. Avec des ouvriers, il travaille L’Exception et la Règle de Brecht, dans une véritable entreprise de théâtre d'avant-garde dans la RDA des années 1970.
Il éprouve le besoin de monter lui-même sur le plateau et de voir à travers le corps comment un texte fonctionne
Benno Besson parvient à assimiler la leçon brechtienne et à la dépasser avec liberté et intelligence. Il possède une inventivité et une maîtrise théâtrales qui mêlent, avec bonheur, rigueur et fantaisie au service d'une dimension sociale et politique toujours présente.
Chapitre 03 La Comédie de Genève
Après plus de trente années passées à Berlin-Est, Benno Besson est de retour au pays. En 1982, il reprend les rênes du théâtre de la Comédie de Genève. On le retrouve dans les coulisses travaillant avec ses deux complices, le décorateur Jean-Marc Stehlé et le facteur de masques Werner Strub.
Pour ses débuts, le nouveau directeur monte L'Oiseau vert, une fable de l'Italien Carlo Gozzi. Avec une mise en scène et des dispositifs scéniques époustouflants, cette farce qui utilise les codes de la commedia dell’arte fera date dans le théâtre genevois.
En 1983, Besson propose Hamlet au programme du Théâtre de la Comédie, avec le comédien Roger Jendly dans le rôle titre. A cette occasion, le journaliste Jo Excoffier a tendu son micro pour recueillir les commentaires des Genevois sur ce spectacle.
Chapitre 04 Avec Coline Serreau
En 1986, Benno Besson monte Lapin Lapin, une pièce écrite par Elie Bourquin, qui s'avère être le pseudonyme de Coline Serreau, sa compagne, également présente sur scène. Cette pièce aborde des thèmes sérieux comme la famille, le travail ou l'amour, mais dans une mise en scène légère et pleine d'humour.
L'émission culturelle Sortie Libre reçoit en 1994 Benno Besson pour évoquer la pièce de théâtre Quisaitout et Grobêta. Dans cette comédie de Coline Serreau (qui a abandonné son pseudonyme), on suit les aventures d'un maître et de son valet, incarnés par Coline Serreau et Gilles Privat.
Souvent dans sa carrière, Benno Besson a monté plusieurs fois le même spectacle. C’est le cas du Cercle de craie caucasien, de Brecht, montré au Festival d’Avignon en 1978 et remis à l'honneur en 2001. Coline Serreau y incarne la servante Groucha. Elle et Gilles Privat, qui joue le rôle du juge, évoquent leurs personnages au micro de FaxCulture.
Chapitre 05 Un artiste récompensé
En 1984, André Roussin, président de la Société des auteurs et des compositeurs dramatiques (SACD), remet à Benno Besson la médaille Beaumarchais du prix suisse de théâtre, la plus haute distinction de la SACD.
L'anneau Hans Reinhart, la plus prestigieuse récompense suisse dans le domaine de l'art dramatique, lui est décerné un an plus tard pour sa contribution majeure à la scène théâtrale suisse et internationale.
L'anneau Reinhart [RTS]
La Nuit des Molières
En 1994, l'Académie des Molières récompense la pièce de théâtre Quisaitout et Grobêta à quatre reprises: le Molière de la mise en scène pour Benno Besson, celui du meilleur spectacle comique pour le texte de Coline Serreau et le Molière du meilleur créateur de costumes et meilleur décorateur scénographe pour Jean-Marc Stehlé, fidèle collaborateur de Besson.
Chapitre 06 En guise de conclusion
Après son départ de la Comédie de Genève en 1989, Benno Besson poursuit son parcours théâtral en travaillant en Europe et en Suisse. En 2001, il présente Mangeront-ils? de Victor Hugo au Théâtre de Vidy à Lausanne. Son directeur adjoint René Zahnd évoque dans l'émission Faxculture, en présence de Besson, les deux vertus qui ont guidé le travail du metteur en scène vaudois : plaisir et exigence !
Au terme d'une riche et longue carrière, Benno Besson quitte définitivement la scène le 23 février 2006, à l'âge de 84 ans.