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Le Concorde, un mythe volant

Dernier vol du Concorde de British Airways quittant New-York pour Londres le 23 octobre 2003. [Reuters]
Dernier vol du Concorde de British Airways quittant New-York pour Londres le 23 octobre 2003. - [Reuters]
Reconnaissable en un seul coup d'oeil avec son aile si particulière et son nez basculant, le Concorde est un avion exceptionnel à bien des égards. "Le grand oiseau blanc" est remisé dans les hangars depuis 2003, mais il reste un symbole de grande réussite technologique et de modernité.

En 2003, Air France et British Airways renoncent définitivement à l'exploitation du Concorde. C'est la fin d'une aventure aéronautique exceptionnelle qui aura duré 40 ans, mais aussi le symbole d'un fiasco commercial. Retour sur l'histoire du mythe.

L'histoire du mythe
L'histoire du mythe / Classe éco / 2 min. / le 2 juin 2003

Le début de l'aventure

Dès la fin des années 1950, plusieurs entreprises aéronautiques souhaitent construire un avion civil supersonique. Les sociétés française Sud-Aviation et britannique Bristol Aeroplane Company travaillent à un projet d'avion supersonique. En 1962, les deux entreprises décident de collaborer pour réduire leurs coûts respectifs. En 1963, la première maquette du Concorde est présentée et les essais débutent en 1966.

Vol d'essai du Concorde depuis l'aéroport de Toulouse. [RTS]
Les pilotes aux commandes d'un vol d'essai du Concorde. [RTS]

En 1965, pour l'émission Vivre au vingtième siècle, la perspective d'un avion supersonique qui effectuerait des vols de ligne semble pour le moins fantaisiste. Le journaliste et les différents intervenants évoquent les limites technologiques du projet. Sans compter les dégâts écologiques et les coûts d'exploitation d'une telle invention. Près de 40 ans plus tard, les faits viendront confirmer ces deux derniers arguments.

Projet d'un avion supersonique: le Concorde en 1965. [RTS]
Le projet Concorde / Vivre au vingtième siècle / 3 min. / le 12 février 1965

Les premiers vols commerciaux débutent en 1976, avec les lignes Londres-Bahrein, Paris-Rio de Janeiro et Paris-Caracas. En 1977, c'est l'emblématique destination de New York qui s'ajoute à la liste. En 3h30, Concorde relie Paris aux Etats-Unis à 2200 km/h en vitesse de croisière, un record !

En 1978, une équipe de l'émission Temps présent est allée à la rencontre des ouvriers anglais qui construisent le Concorde.

Les ouvriers du Concorde
Les ouvriers du Concorde / Temps présent / 34 sec. / le 11 mai 1978

A partir de 1983, le nombre de destinations diminue pour s'en tenir aux liaisons quotidiennes avec New York. Pour rentabiliser les avions, Air France et British Airways développent des vols à la demande pour les entreprises. Des tours du monde en Concorde font également partie de l'offre proposée. Mais à part à de rares exceptions, le supersonique ne dégage pas de bénéfices.

Car il coûte cher. Les frais de maintenance et de carburant sont élevés, et le nombre restreint de vols augmente le temps de stationnement des avions au sol. La maintenance d'un avion Concorde exige dix fois plus de temps que pour un avion de ligne standard.

Le Concorde à Genève

Symbole de confort et de modernité absolues, le Concorde déplace les foules qui se pressent pour le contempler. Il s'est d'ailleurs posé à plusieurs reprises sur le tarmac de l'Aéroport international de Genève.

La première fois, c'est le 31 août 1976. Le vol en provenance de Paris atterrit à Genève avant de repartir pour Casablanca. C'est le premier vol charter supersonique de l'histoire de l'aviation !

Malgré le mauvais temps, de nombreux curieux se sont déplacés pour voir le Concorde de près.

Le Concorde à Genève en 1976. [RTS]
Le Concorde à Genève / Un jour une heure / 2 min. / le 31 août 1976

L'élégance à la française n'est pas oubliée pour autant. Les hôtesses de l'air travaillant à bord du Concorde d'Air France sont habillées par Jean Patou, Nina Ricci ou Carven, selon les époques.

L'uniforme dessiné par Nina Ricci et réservé aux hôtesses du Concorde. [RTS]
Le service à bord, avec le sourire ! [RTS]

Pour le 75e anniversaire de l'Aéroport international de Genève en 1995, ce sont deux appareils Concorde qui s'exposent sur le tarmac genevois. Cette opération portes ouvertes a attiré plus de 70'000 personnes. Le Concorde continue de faire rêver.

Le Concorde sur le tarmac de l'aéroport de Genève en 1995. [RTS]
20 après à Genève
20 après à Genève / Genève Région / 1 min. / le 11 septembre 1995

L'accident

Le 25 juillet 2000, 2 minutes après son décollage de l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, un Concorde s'écrase sur un hôtel à Gonesse, faisant 113 morts. L'ensemble des 109 personnes présentes à bord du vol Air France 4590 seront tuées, ainsi que 4 personnes travaillant dans l'hôtel.

Le crash d'un avion Concorde à Gonesse en France le 25 juillet 2000. [Reuters - Andreas Kisgergely]

Le crash serait dû à une lamelle métallique présente sur la piste de décollage, perdue par un DC-10 de la compagnie aérienne américaine Continental Airlines. Cette lamelle aurait provoqué l'éclatement d'un pneu du Concorde puis une réaction en chaîne fatale, qui a conduit à l'inflammation du kérosène et au crash.

Le chant du cygne

Après cet accident, le Concorde ne volera pas pendant plus d'une année.

Dès sa remise en activité, en novembre 2001, le supersonique connaîtra plusieurs incidents techniques. Le trafic aérien vit également une crise majeure après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. De nouvelles normes contre le bruit et la pollution ainsi que la hausse du prix du kérosène viennent s'ajouter à ce climat déjà difficile.

En 2003, British Airways et Air France annoncent simultanément l'arrêt de l'exploitation du Concorde.

De nombreux fans sont venus voir le grand oiseau blanc décoller pour la dernière fois de Paris à destination de New York. Pour dire adieu au mythe.

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Le dernier vol du Concorde / Télé Journal / 1 min. / le 31 mai 2003

Anne-Isabelle Gomez pour les archives de la RTS

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Concorde, or Concord ?

Le président français Charles de Gaulle propose officiellement en 1963 le nom de "Concorde" pour le projet d'avion supersonique franco-britannique. Mais la première maquette officielle de l'avion, fabriquée en Angleterre, est estampillée "Concord", sans le E. Les Britanniques utiliseront durant plusieurs années cette dénomination. Mais le projet étant commun, il faut faire un choix. Alors, quelle orthographe pour le futur supersonique ? C'est finalement le ministre britannique de la technologie Tony Benn qui tranchera en décembre 1967, mettant fin à la polémique. Ce sera Concorde, avec un E, "car cette lettre signifie aussi "England", "Excellence", "Europe" et "Entente". Easy as ABC.