Un viol particulièrement violent, dénoncé trois ans après les faits, suite à des séances d’hypnose. La victime identifie deux jeunes gens qui sont condamnés à quatre ans de prison, l’un des deux étant ensuite innocenté par le Tribunal fédéral du fait des incertitudes liées aux souvenirs nés sous hypnose, mais pas son comparse. Cette affaire reste la seule dans l’histoire de la justice suisse où l’hypnose a été utilisée comme élément de preuve.
Elle ne parle pas de son viol
31 mars 1995. France rentre chez elle en pleine nuit lorsque deux hommes la tirent de sa voiture et la violent brutalement à l’entrée de Genève. Dans un premier temps, elle n’en parle à personne, et essaie d’oublier mais n’y parvient pas et dépérit. Trois ans après le viol, elle s’adresse au centre LAVI de Genève.
Elle retrouve la mémoire sous hypnose
Mars 1998. Au centre LAVI, des bénévoles accompagnent France et l’encouragent à déposer plainte à la police. Elle décrit précisément les faits mais ne se souvient pas de ses agresseurs. Elle entreprend une thérapie chez une hypnothérapeute qui lui fait revivre son agression. Peu à peu des images lui viennent : des visages, une bague, trois boucles à une oreille. Avec l’aide de la police, elle dresse le portrait-robot de ses agresseurs.
Deux individus arrêtés sur la base de souvenirs obtenus sous hypnose
A la police, les enquêteurs font le lien avec Salah, un jeune homme connu pour divers délits, puis avec Sidi, un de ses compagnons de boite de nuit. La victime identifie les deux jeunes gens qui, trois ans après les faits, n’ont pas d’alibi valables. Elle identifie également la voiture de ses agresseurs, un modèle identique à celle du père de l’un d’eux, ainsi qu’un couteau. L’instruction est bouclée.
Condamnés suite à un témoignage obtenu sous hypnose
Salah et Sidi sont deux jeunes étrangers qui ont grandi dans les milieux internationaux de Genève. A la cour d’assise, ils sont défendus par quatre avocats, dont deux ténors du barreau. Face à eux, la victime n’est assistée que d’une avocate. D’emblée la défense cherche à mettre en évidence des incohérences dans le travail d’enquête et met en doute la fiabilité des souvenirs nés sous hypnose. Mais sans convaincre le jury qui condamne les deux accusés à quatre ans de prison ferme.
Deux accusés, l'un condamné l'autre acquitté
Les avocats font appel de la décision. Le 29 septembre 2000, la cour de droit public du Tribunal Fédéral casse la condamnation de Sidi, arguant des doutes liés au rôle de l’hypnose dans l’identification de l’accusé. Quelques mois plus tard, la même cour confirme la condamnation de Salah, qui persiste, des années plus tard, à clamer son innocence.