Sous-enchère salariale, travailleurs sans contrats, faux temps partiel, non-respect des conventions de travail. Le secteur de la construction en Suisse semble être devenu une vraie jungle, dans laquelle les fraudes pullulent. A Genève - où l'on bâtit à tour de bras - plus d'un chantier sur trois présente des irrégularités. Pour détecter les fraudes qui font perdre chaque année des sommes astronomiques aux assurances sociales et menacent la paix du travail, une poignée d'inspecteurs arpente chaque jour un terrain miné, dans le but de faire respecter les règles. Ce sont les nouveaux "damnés de la terre" et ils sont ici, en Suisse romande, sur nos chantiers de luxe. Des ouvriers qui travaillent sur un chantier pendant des mois sans être payés, entassés sur des matelas, n'ayant pas assez pour se nourrir. Et c'est plus fréquent qu'on ne le pense. Ce sont des « travailleurs détachés », venus d'un pays de l'Union européenne accomplir des missions de moins de trois mois en Suisse, en vertu de la libre circulation et des accords bilatéraux. En principe, ils doivent être rémunérés selon les normes salariales locales. Mais les abus sont spectaculaires.
Les damnés du chantier
Ce sont les nouveaux "damnés de la terre" et ils sont ici, en Suisse romande, sur nos chantiers de luxe. Des ouvriers qui travaillent pendant des mois sans être payés, entassés sur des matelas, n’ayant pas même les moyens de se nourrir. Et c’est même plus fréquent qu’on ne le pense. Ce sont des "travailleurs détachés", venus d’un pays de l’Union européenne accomplir des missions de moins de trois mois en Suisse, en vertu de la libre circulation et des accords bilatéraux. En principe, ils doivent être rémunérés selon les normes salariales locales. Mais les abus sont spectaculaires.
Ils s’appellent Stefano, Mauro, Giuseppe, Gaspare. Ils sont Italiens et menuisiers professionnels. Ils sont venus travailler à la rénovation d’un hôtel de prestige sur le Mont-Pèlerin, dans le canton de Vaud. Une perspective dont ils se réjouissaient. Ils ont pourtant vite déchanté. Sur leur contrat, leur employeur leur avait promis un salaire horaire de 12 à 15 euros. Mais ils se rendent vite compte qu’en réalité c’est le double qu’ils doivent percevoir, selon le tarif minimal obligatoire en vigueur en Suisse.
Et les choses dégénèrent carrément. Après plusieurs mois de travail, toujours pas de paye, sinon quelques acomptes ridicules. Et ces menuisiers italiens se retrouvent sans argent, coincés au Mont-Pèlerin, dans l’impossibilité de se nourrir correctement. Un cas emblématique de dumping salarial, que Temps Présent décrit minutieusement.
Pour ce faire, l’émission a retrouvé plusieurs de ces ouvriers en Italie. Le récit de leur mésaventure est hallucinant. Il témoigne d’une réalité qui se dégrade de plus en plus pour ces salariés précaires, mal protégés par le statut de "travailleurs détachés" pratiqué par l'Union européenne et appliqué par la Suisse en vertu des accords bilatéraux. Au point qu’aujourd’hui, les syndicats et plusieurs associations d’entrepreneurs réclament à l’unisson des mesures enfin efficaces contre la sous-enchère salariale. La Suisse occupe chaque année quelque 200'000 travailleurs détachés. Et comme le montre ce reportage, des histoires comme celle du Mont-Pèlerin sont bien plus nombreuses qu’on ne le croit.
Rediffusion le vendredi 29 avril 2016 à 10h30 et le lundi 2 mai 2016 à 15h15 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Pietro Boschetti et Catherine Gerber
Image : Pierre-Alain Jaussi Son : Benedikt Früttiger Montage : Valérie Wacker
Des flics contre les voyous de la construction
Sous-enchère salariale, travailleurs sans contrat, faux temps partiel, non-respect des conventions de travail... Le secteur de la construction en Suisse semble être devenu une jungle, dans laquelle les fraudes pullulent. A Genève, où l’on bâtit à tour de bras, plus d’un chantier sur trois présente des irrégularités. Pour détecter les fraudes qui font perdre chaque année des sommes astronomiques aux assurances sociales et menacent la paix du travail, une poignée d’inspecteurs arpente chaque jour un terrain miné, dans le but de faire respecter les règles.
Le code de conduite du secteur de la construction est régi par des conventions collectives strictes, négociées entre syndicats et patronat. Elles sont censées faire respecter des conditions de travail dignes. Mais sur le terrain, la situation n’est pas idyllique…
Confrontées au franc fort, à la concurrence de sous-traitants de plus en plus agressifs et à l’afflux de main d’oeuvre lié à la libre circulation des personnes en Europe, de nombreuses entreprises contournent les règles et recourent au travail au noir.
Chaque canton possède ses propres services et méthodes de contrôle. Entre eux, c’est le grand écart. L’absence de cadre de référence au niveau fédéral rend la tâche des inspecteurs ardue. Les sanctions encourues par les fraudeurs sont jugées insuffisantes par de nombreux acteurs du terrain. Dans un secteur en constante expansion, où moins de 10% des entreprises sont contrôlées chaque année, les inspecteurs font ce qu’ils peuvent pour faire respecter les règles. Reportage avec ces flics du béton.
Rediffusion le vendredi 29 avril 2016 à 10h30 et le lundi 2 mai 2016 à 15h15 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Laurent Nègre
Image : Christian Jaquenod Son : Benedikt Früttiger Montage : Caroline Cuénod