Il nous titille, qu’on le veuille ou non; il nous fait sentir ce qui est bien ou mal ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Il s’agit du sens moral qui nous accompagne depuis notre plus tendre enfance. Qu’est-ce qui le favorise ? Comment se transmet-il ? Peut-on faire le mal au nom du bien ? Regards croisés sur le thème au gré de nombreux témoignages, expériences et petits jeux de transgression.
Nous sommes des machines à évaluer les autres
Petit exercice de transgression, pour tester le sens moral de deux groupes de specimens. Nous les confrontons à deux situations. Nous captons la scène à l’aide d’une très discrète caméra. Un comédien et sa complice se sont glissés dans le premier groupe. Il joue au pique-assiette en se remplissant les poches de capsules de café. La comédienne amorce la pompe en s’indignant. Pour le second groupe, l’expérience est plus corsée : il va patienter avec les comédiens qui se prétendent frère et sœur, un brin incestueux. Les réactions sont à la hauteur du spectacle!
Les bases biologiques de la morale démontrées par Nicolas Baumard et Stéphane Debove
Deux jeunes scientifiques, l’un chercheur en psychologie et l’autre en biologie de l’évolution, démontrent notre disposition naturelle à nous comporter moralement. Le biologiste a recréé l’évolution à l’aide de modèles informatiques et mathématiques. Il a modélisé une population d’individus programmés pour décider comment se partager les ressources produites. Au départ ils tous égoïstes. A la fin de la simulation, ils partagent de manière égale. La sélection naturelle a parlé.
Des courants de la morale à ce qui l’influence ou l’altère
Pour certains philosophes, le sens moral est fonctionnel et inné. Les bébés ne naissent pas moraux mais ils sont préparés à le devenir. Et quand bébé grandit? La morale transmise par la famille peut être mise à mal par l’environnement des adolescents, ce qu’analyse le professeur de psychologie sociale Laurent Bègue. Un témoignage fort l’atteste : né dans le 93, Berthet One, bédéiste auteur de deux albums remarqués, a fait de la prison. Les valeurs familiales lui ont permis de s’en sortir.
La transmission des valeurs morales
Les valeurs morales sont transmises par la famille, l’école et la culture vivante, affirme le philosophe André Comte-Sponville. Mais quand ces trois institutions sont en crise, comment faire pour qu’elles restent vivaces? Nous suivons un atelier de philosophie pour enfants mené par la spécialiste Edwige Chirouter qui manie de manière ludique la notion du bien, du mal, de la vérité ou du mensonge.
Les dilemmes, un bon test moral
Les dilemmes sont très utilisés en sciences cognitive et neuro-éthiques pour évaluer le sens moral. L’un des plus célèbres : celui du train, que nous reproduisons. Les dilemmes permettent aussi d’observer l’activité cérébrale en IRM lorsque le sens moral est impliqué dans l’histoire.
Placer l'éthique au coeur des affaires
Le mensonge et la tricherie heurtent particulièrement le sens moral. Notamment quand il s’agit de scandales industriels. Il y a fort à faire pour Guido Palazzo, professeur et consultant en éthique des affaires. Son collègue à l’UNIL John Antonakis, lui, traque les tricheurs. Une méthode qui permet aux entreprises de mieux choisir leurs collaborateurs.
Portrait d'un traider défroqué
Gilles Vernet a laissé tomber son costume de traider pour devenir instituteur et documentariste. Son film, "Tout s’accélère" met en scène ses élèves qui réfléchissent sur l’accélération forcenée de notre monde. L’intolérance grandissante, les attentats qui frappent aveuglément, de tristes thèmes qu’il aborde aussi en classe. Et dont nous parlons avec André Comte-Sponville et le généticien André Langaney : le mal au nom du bien, l’intolérance nous font réfléchir à nos valeurs morales.
Agissons! Rencontre avec Aurélia
Face à la misère des populations jetées sur les routes par les guerres en Irak puis en Syrie, des jeunes se portent volontaires, hors de toute institution ou ONG, pour ne pas rester spectateurs de la tragédie. C’est le cas d’Aurélia, une jeune suissesse très engagée dont la vie n’est qu’empathie. Et laissons le philosophe conclure : "Nous ne sommes pas au paradis, nous sommes au monde".