Seuls à en mourir
La médecine légale sans scalpel
L’autopsie médico-légale évolue. Aujourd’hui, les cadavres peuvent quasiment être « disséqués » virtuellement et passent au scanner et bientôt à l’IRM. Gain de temps, données numérisées, images présentables, respect de l’intégrité physique. Cette technique va-t-elle enterrer l’autopsie traditionnelle ? 36,9° joue les experts. Un reportage de Evelyne Emeri et Yann Franel
Bonus web: Entretien avec le Dr Thomas Krompecher, l'un des pionniers de la médecine légale
Selon le Dr Thomas Krompecher, l'imagerie post-mortem est un outil fabuleux, mais qui vient en appui au travail du légiste et qui ne remplacera jamais l'autopsie traditionnelle.
Le Dr Thomas Krompecher, expert de renommée internationale, a travaillé sur les dossiers:
Catastrophes de masse:
* Crash airbus Mont Ste-Odile, France, 1992
* Temple solaire, Suisse, 1994
* Tsunami, Thaïlande, décembre 2004
Affaires:
* Lady Diana, 1997, France
* Cédric Tornay, 1998, Vatican
* Juge Bernard Borel, 2002, Djibouti
* Gendarme Jambert, 2004, France
* Tommaso Onofri, 2007, Italie
La médecine légale sans scalpel
L’imagerie par résonance magnétique, le pet scan, l’échographie sont autant de techniques qui ont rendu le corps transparent, là où autrefois, pour voir, il fallait ouvrir. Avec la chirurgie mini-invasive robotisée et assistée par ordinateur, on entre dans le corps en ne laissant que de toutes petites cicatrices. L’avenir, c’est de les utiliser pour des autopsies virtuelles en cas de mort suspecte.
En Suisse, la médecine légale n’utilise l’imagerie médicale que depuis peu de temps. Pour une question de coût évidemment, mais aussi d’habitudes. Le but, à terme, c’est que la technique soit validée et que les conclusions d’un examen virtuel puissent être présentées à la justice de la même manière qu’une autopsie traditionnelle.
L’imagerie post-mortem doit encore être rodée, puis standardisée. Elle devrait toutefois faciliter la vie des légistes et des juges, mais ne remplacera jamais le toucher, l’odorat et les couleurs. L’avenir, c’est donc de pouvoir éviter, dans des cas flagrants, l’autopsie traditionnelle.