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Déjà des qualifiés à J-100, et des déçus

Quintuple champion olympique, Ian Thorpe n'est pas parvenu à composter son billet pour les JO 2012. [Keystone - Bryan van der Beek]
Quintuple champion olympique, Ian Thorpe n'est pas parvenu à composter son billet pour les JO 2012. - [Keystone - Bryan van der Beek]
Mercredi, nous serons officiellement à 100 jours du coup d'envoi des Jeux olympiques d'été de Londres. Si certains qualifiés sont déjà connus, certains déçus le sont également. Et ce ne sont parfois pas des moindres...

Le compte à rebours vers les Jeux olympiques se fait de plus en plus rapide pour les sportifs qui ont déjà leur billet en poche, à 100 jours de la cérémonie d'ouverture, tandis que ceux qui n'ont pu se qualifier pour Londres ont vu le temps s'arrêter.

Certes, les sélections nationales n'ont pas encore rendu leur verdict dans toutes les disciplines, notamment en athlétisme, sport-roi du programme olympique, dont on ne connaîtra le casting définitif qu'à quelques semaines de l'ouverture des Jeux, le 27 juillet. Mais on recense déjà quelques grands déçus.

Ce sera sans Thorpe, mais avec Manaudou

Ian Thorpe est probablement le plus emblématique. Le quintuple champion olympique australien (2000/2004), qui rêvait de nager à Londres, s'est incliné dès les séries du 100 m de ses championnats nationaux.

A Londres, Laure Manaudou voudra faire oublier son "naufrage" de Pékin. [Keystone - Michel Spingler]
A Londres, Laure Manaudou voudra faire oublier son "naufrage" de Pékin. [Keystone - Michel Spingler]

Natation toujours, et déçu également, le champion olympique français du 100 m Alain Bernard, incapable de se qualifier pour la moindre épreuve individuelle et relégué au rang de relayeur de luxe. Bernard absent, c'est la nageuse française la plus titrée de l'histoire qui sera en vedette à Londres.

Laure Manaudou a en effet réussi là où Thorpe a échoué. Huit ans après son festival d'Athènes (trois médailles, dont l'or sur 400 m libre), quatre après son naufrage de Pékin, elle a décroché ses billets sur 100 et 200 m dos.

Si les sélections américaines en athlétisme doivent encore décider du sort d'une belle brochette de médaillés olympiques, le roi de Pékin, le Jamaïcain Usain Bolt, aura à faire à une moindre concurrence lors des qualifications et sera bien évidemment attendu en héros pour défendre ses trois médailles d'or.

L'Allemagne de Dirk Nowitzki ne sera pas de la fête

Le seul tenant du titre en athlétisme dont on est assuré de l'absence, le Portugais Nelson Evora, blessé, ne défendra pas ses chances au triple saut.

En sports collectifs, les tournois de qualification ont réservé quelques surprises. En basket, l'Allemagne de Dirk Nowitzki et la Serbie ne seront pas de la fête. Et l'Allemagne, pays du handball, n'est qualifiée ni chez les hommes ni chez les dames.

Quelques valeurs sûres sont cependant assurées de défendre leurs chances à Londres, à l'image du quintuple champion du monde français de judo Teddy Riner, en quête d'un premier titre olympique, des frères slovaques Pavol et Peter Hochschorner, en piste pour un quatrième titre d'affilée en canoë biplace, tout comme l'Italienne Valentina Vezzali au fleuret.

Longo et Pistorius seront-ils, eux, de la partie?

Jeannie Longo a participé à tous les JO depuis 1984! [Keystone - Alessandro Trovati]
Jeannie Longo a participé à tous les JO depuis 1984! [Keystone - Alessandro Trovati]

Pour la petite histoire, le Belge Jean-Michel Saive disputera ses 7e JO en tennis de table, et sa compatriote Tia Hellebaut défendra son titre à la hauteur après avoir été deux fois maman depuis les Jeux de Pékin.

Enfin, s'il fallait retenir deux grands noms encore incertains pour le rendez-vous estival, la cycliste française Jeannie Longo, titrée en 1996 et en lice dans toutes les éditions des Jeux depuis 1984, est en quête d'une (ultime?) participation à 53 ans, et le Sud-Africain Oscar Pistorius, équipé de ses prothèses aux jambes et qui a réussi une fois les minimas sur 400 m - sur les deux requises par son comité olympique - veut devenir le premier athlète paralympique à concourir chez les valides.

afp/dbu

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L'univers impitoyable des "trials"

L'univers impitoyable des "Trials" (sélections), où athlètes et nageurs américains joueront fin juin leur place pour les JO de Londres, est la marque de fabrique de l'olympisme "made in USA": un système imparfait et brutal mais moins pire que les autres aux yeux des Américains.

Comme le résume Michael Phelps, le nageur aux 14 médailles d'or: "Les Jeux sont probablement plus faciles pour nous que le sont les sélections". "La chose la plus dure pour les Américains, c'est que nous serions une poignée à pouvoir entrer en finale olympique, mais nous n'avons que deux places (par épreuve individuelle aux JO). Tout le monde peut se préparer pour le jour-J. Si tu n'es pas prêt ce jour-là, tu n'iras pas aux Jeux".

Les sportifs américains n'ont pas le confort de pouvoir déjà se projeter sur Londres. Pour les nageurs, la route des JO passe par Omaha, dans le Nebraska, du 25 juin au 2 juillet. Pour les athlètes, c'est Eugene, dans l'Oregon, du 21 juin au 1er juillet.

De fait, les sélections doivent être relativement proches de l'échéance olympique, de façon à ce que l'athlète soit suffisamment avancé sur la voie de son pic de forme au moment des trials et l'atteigne à l'échéance olympique. Ce sera par exemple la quatrième fois que les sélections de natation auront lieu à seulement cinq semaines des Jeux.

Nombre de sportifs ont vu leur rêve olympique se briser sur ce système sans aucune souplesse, dur et parfois inhumain, mais qui a fait ses preuves et que personne ne remettrait en cause, en tout cas à haute voix.

L'ancien perchiste Jeff Hartwig en connaît un rayon sur le sujet. Le 14 juin 2000, il sautait 6,03 m pour améliorer d'un centimètre le record des Etats-Unis et renforcer son statut de 4e performer de l'histoire. Un mois plus tard, il ne passait aucune barre aux "trials" et ratait son billet pour Sydney. Quatre ans plus tard, il échouait encore à se qualifier lors des sélections pour Athènes, mais il parvenait ensuite à décrocher un ticket pour les JO 2008 de Pékin, à 40 ans.

"L'échec de 2000 a été le pire, se souvient Hartwig. Tu as un jour sans et plus rien d'autre ne compte au final. Il y a des années où j'ai adoré ce système, d'autres où je l'ai détesté." "Mais je ne connais pas un meilleur système, qui aurait moins de failles et dont tout le monde connaît mieux les exigences".

Mais cette "tolérance zéro" fait que les Etats-Unis sont prêts à se priver d'un espoir de médaille d'or pour une broutille, parce qu'il ou elle a attrapé un rhume ou subi une intoxication alimentaire à la veille des sélections.

"Nous sommes à quelques semaines des sélections, raconte Hartwig. En tant qu'agent, c'est là que je commence à dire à mes athlètes: "commence à faire attention à tout, regarde trois fois avant de traverser la route. Tu te tords la cheville en ratant une marche dans un escalier et c'est fini pour toi."