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Martin Rufener, coach heureux mais inquiet

Martin Rufener dirige le secteur alpin de la fédération canadienne depuis 2013. [Marco Trovati]
Martin Rufener dirige le secteur alpin de la fédération canadienne depuis 2013. - [Marco Trovati]
Comme cadeau - il a fêté ses 56 ans le 1er mercredi des Mondiaux en famille dans un restaurant de Beaver Creek -, Martin Rufener n'aurait pas pu rêver mieux. Deux médailles d'argent (Dustin Cook en super-G et Team Event) presque tombées du ciel dans un clan canadien qui vit des heures très difficiles.

Entraîneur en chef des messieurs à Swiss-Ski jusqu'en 2011 - coach à succès des Didier Cuche, Didier Défago et Carlo Janka -, Rufener s'était alors engagé en mars 2013 comme directeur alpin auprès de la Fédération canadienne, après une courte période dans le privé.

RTSsport.ch a rencontré le sympathique Bernois établi à Canmore (Alberta) à Beaver Creek. Il évoque son soulagement et ses craintes pour l'avenir.

RTSsport.ch:Deux médailles d'argent, on imaginait pas le Canada à pareille fête!

MARTIN RUFENER: C'est vrai, surtout que l'équipe masculine de vitesse débarquait décimée dans le Colorado, avec les blessures des no1 Erik Guay et no2 Jan Hudec. Notre objectif était avant tout d'entrer dans le top-15, et donc de faire des points FIS...

RTSsport.ch:Mais Dustin Cook vous "claque" l'argent dès le super-G masculin. Une sacrée surprise quand même!

MARTIN RUFENER: Oui, on peut le dire, même s'il avait réussi quelques belles choses cet hiver. Avec un gros dossard, il avait d'ailleurs réussi le meilleur "inter" lors du SG de Kitzbühel. Chez nous, on savait que Dustin s'améliorait sans cesse et qu'il était en confiance. Mais évidemment, personne n'aurait parié sur une médaille! Il a tenté sa chance à fond, et a bénéficié d'un jour où tout a fonctionné.

RTSsport.ch: Et vous signez aussi l'argent du Team Event, derrière l'Autriche...

MARTIN RUFENER: C'est l'autre belle histoire du Canada dans ces Mondiaux! Nous avons aligné une jeune équipe, mais très motivée par la médaille de Dustin Cook. Mais quand nous avons tiré l'Allemagne de Neureuther et Rebensburg au 1er tour, c'était un peu le choc pour tout le monde. Pour nous, c'était alors vaincre ou mourir... Mais nous y sommes allés sans réfléchir.

Rufener dirigeait les Suisses au temps de la gloire de Didier Cuche notamment. [KEYSTONE - Laurent Gilliéron]
Rufener dirigeait les Suisses au temps de la gloire de Didier Cuche notamment. [KEYSTONE - Laurent Gilliéron]

RTSsport.ch:

On le sait, votre fédération traverse des moments difficiles, notamment au niveau financier. Ces médailles vont donc vous faire le plus grand bien...

MARTIN RUFENER: J'avais déjà connu ça lors de mon 1er passage au Canada, au début des années 90. C'est toujours comme ça en Amérique du Nord. On ne s'intéresse au ski que tous les 4 ans, pour les Jeux olympiques. Les périodes au milieu sont donc toujours très difficile au niveau des finances... Heureusement que nous avons obtenu une médaille à Sotchi (bronze de Hudec en SG). Grâce à celle-ci, nous continuons à bénéficier de subventions, et ainsi nous gardons la tête hors de l'eau. Ces médailles ici nous permettrons de retourner chez nos sponsors et donateurs pour leur montrer que nous sommes sur le bon chemin et que nous avons besoin d'eux!

Même si la saison n'est pas encore terminée, on espère désormais, avec ces résultats aux Mondiaux, obtenir ces prochaines semaines des moyens financiers supplémentaires.

"J'ai dû venir en voiture pour économiser de l'argent"

RTSsport.ch:On dit même que vous avez dû venir en voiture de l'Alberta jusqu'ici...

MARTIN RUFENER: C'est vrai! Un trajet de 20h! C'était là aussi un moyen d'économiser de l'argent. Comme nous disposons nous aussi d'un sponsor voitures, comme les autres équipes, nous avons préféré "descendre" 5 voitures, histoire d'avoir moins de frais de location de véhicules et aussi moins de billets d'avion. De la sorte, nous avons économisé 15-20'000 francs, que nous pouvons investir ailleurs...

RTSsport.ch:Ca doit donc bien vous changer de votre période à Swiss-Ski... Là, vous êtes obligés de "bricoler"...

Rufener (à droite) a quitté Swiss-Ski après une "brouille" avec le président Urs Lehmann. [KEYSTONE - Peter Schneider]
Rufener (à droite) a quitté Swiss-Ski après une "brouille" avec le président Urs Lehmann. [KEYSTONE - Peter Schneider]

MARTIN RUFENER:

Le terme est peut-être un peu fort. Mais il est vrai que nos structures, nos plans pour le futur sont toujours sujets à obstacles, financiers notamment. Notre objectif est aussi de construire une équipe compétitive, mais nous devons le faire avec beaucoup moins de moyens. D'où une importance accrue de la collaboration.

Mais nous avons une bonne équipe, et le fait que nous avons réussi de bons résultats prouve que nous sommes sur le bon chemin, et que nous avons les bonnes personnes aux bonnes places.

RTSsport.ch:Votre contrat avec la fédération canadienne court jusqu'aux JO 2018. Un retour en Suisse n'est donc pas d'actualité dans l'immédiat...

MARTIN RUFENER: Il ne faut jamais dire jamais, mais j'ai une mission qui me comble avec le Canada. J'ai envie d'atteindre certaines choses avec les gens avec lesquels je travaille. En plus, ma famille et moi - il a 2 filles adolescentes - avons tout quitté il y a 2 ans pour nous installer à Canmore et tout le monde s'y sent bien.

Après, tout dépendra bien sûr des éventuels problèmes pouvant survenir. Si nous n'obtenons pas de rallonge financière et que nous ne pouvons pas augmenter le budget, ça sera difficile...

Beaver Creek, Daniel Burkhalter - Twitter @DaniBurkhalter

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— Daniel Burkhalter (@DaniBurkhalter) February 14, 2015