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Marcel Jenni se confie à l'aube de sa 2e Coupe Spengler

Jenni2 [KEYSTONE - Karl Mathis]
Le Zurichois a longuement hésité l'été dernier avant de poursuivre sa carrière. - [KEYSTONE - Karl Mathis]
Marcel Jenni est le premier Suisse à avoir évolué dans le prestigieux championnat de Suède. Le vétéran de Kloten s'est confié à tsrsport.ch, à l'aube de sa deuxième Coupe Spengler, 13 ans après celle qu'il a jouée avec Feldkirch.

Son image avait été écornée durant les JO 2002 et une virée nocturne arrosée à Salt Lake City. Le battage médiatique qui s'en était suivi l'avait en effet fait passer pour un rebelle arrogant. Mais quand on le rencontre, Marcel Jenni ne donne pas du tout cette impression. A 37 ans, le sympathique Zurichois, qui respire la joie de vivre, s'est peut-être assagi avec le temps.

Quoi qu'il en soit, l'attaquant de Kloten est un monument du hockey helvétique, en ce sens qu'il est le premier Suisse ayant griffé les glaces du prestigieux championnat de Suède, l'Elitserien. Et avec un certain succès.

"Ma femme voulait quitter la Suède, pas moi"

tsrsport.ch: Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre expérience à Färjestads entre 1999 et 2005?

MARCEL JENNI: Je serais encore en Suède à l'heure actuelle si ma femme n'avait pas voulu rentrer! Je m'y suis fait beaucoup d'amis, j'ai adoré Karlstad. C'est une petite ville folle de hockey. Là-bas, un étranger n'a pas autant de pression qu'ici. Je n'étais pas jugé sur le nombre de buts marqués, mais sur mes capacités à remplir le rôle qu'on m'avait défini. On a atteint 5 fois la finale, avec ce titre en 2002 grâce à un Martin Gerber impérial au but. C'était un vrai mur! On n'avait pas perdu un seul match en playoff.

tsrsport.ch: Si d'autres Suisses ont pu y jouer par la suite, c'est aussi car vous y aviez laissé une bonne impression en tant que premier Helvète en Suède.

MARCEL JENNI: Je suis une sorte de pionnier, c'est vrai. Mais c'est du hasard, je n'y ai jamais trop pensé.

Elitserien [KEYSTONE - Jimmy Wixtröm]

tsrsport.ch:

Ne soyez pas si modeste...

MARCEL JENNI: Ok, c'est un peu grâce à moi si des Martin Plüss, Patrick von Gunten et Severin Blindenbacher y sont aussi allés. Tant mieux. Il faut également dire que les Suisses s'adaptent facilement à la mentalité suédoise.

tsrsport.ch: Martin Gerber avait rejoint la NHL après le titre de 2002. Pourquoi pas vous?

MARCEL JENNI: J'avais reçu une offre d'Atlanta en 2001, alors que j'étais le top-scorer des playoff. Mais on ne m'avait pas garanti de ne pas être relégué en AHL. Alors j'ai décidé de rester encore une année en Suède. Puis deux, trois années... C'est la vie.

"On se marre bien avec Reto von Arx"

tsrsport.ch: Difficile de ne pas évoquer avec vous les JO de Salt Lake City 2002 et cette virée nocturne avec Reto von Arx.

MARCEL JENNI: Les médias en ont fait des tonnes. Même en Suède, j'avais dû donner une conférence de presse devant 30 journalistes! Cela avait pris une sacrée ampleur, pour pas grand-chose.

tsrsport.ch: Vous aviez été exclu de l'équipe nationale pour 2-3 bières, alors qu'il ne restait qu'un match de classement.

MARCEL JENNI: C'était plutôt 3-4 bières en fait (rires). On avait voulu chasser notre frustration de ne pas avoir accédé au tour final des Jeux olympiques.

tsrsport.ch: Cet événement a dû renforcer votre amitié avec Reto von Arx, du HC Davos.

MARCEL JENNI: On se connaît depuis longtemps. On se voit rarement à cause de nos familles respectives. Mais quand on se rencontre, on se marre bien et on boit volontiers 1-2 verres ensemble. Voire même trois (rires).

tsrsport.ch: Contrairement à von Arx, vous êtes ensuite revenu en équipe nationale.

MARCEL JENNI: Reto n'était pas compatible avec le sélectionneur Ralph Krueger et n'aurait pas eu de plaisir. C'est sa décision. Dommage, car il n'aurait pas été de trop parmi nous. Moi, je suis revenu tout simplement car je voulais jouer. Mais je n'ai plus jamais retrouvé ma place dans l'équipe, je me sentais inutile dans le rôle qu'on me donnait.

tsrsport.ch: Les joueurs et les coaches vous ont-ils bien traité après votre retour?

MARCEL JENNI: Oui, mes coéquipiers m'ont bien accepté. Et Ralph Krueger s'est comporté de manière normale, il n'a jamais été désagréable à mon égard.

tsrsport.ch: Le Mondial 2010, c'était votre baroud d'honneur avec la Suisse?

Jenni avait été convoqué pour le Mondial 2010 en Allemagne, de manière presque inespérée pour lui. [Arno Balzarini]

MARCEL JENNI:

Oui, on ne sait jamais, mais c'était sans doute en effet ma tournée d'adieu (rires). Ca m'a fait plaisir d'être convoqué par Sean Simpson. Je lui suis très reconnaissant de m'avoir fait vivre cette expérience. J'ai savouré chaque instant, même si j'évoluais dans le 4e bloc, défensif.

tsrsport.ch: Vous n'avez joué que 18 matches de LNA en 2010/11 à cause d'une blessure à un genou. Avez-vous pensé à la retraite?

MARCEL JENNI: J'ai longuement hésité à continuer cet été, durant la préparation. Puis j'ai décidé de poursuivre. Je suis presque à 100% désormais. Certains ont dit que j'étais fini, mais je me sens encore capable de bien jouer. A 37 ans, tu dois lutter comme un jeune pour ta place, on ne te fait aucun cadeau. Mais j'ai du plaisir.

"On peut gagner la Coupe Spengler"

tsrsport.ch: Allez-vous prolonger votre contrat qui arrive à échéance en 2012?

MARCEL JENNI: On en discute, c'est possible que je prolonge d'une année. Je n'ai reçu aucune offre, peut-être que les autres équipes ne savent pas que je suis libre. Ma préférence va à Kloten, mais je suis ouvert à tout. La Romandie? Oui, pourquoi pas. Qui sait? A mon âge, il faut prendre année après année, mais je me vois bien encore jouer 2-3 saisons. Je suis toujours très motivé et je ne me sens pas du tout vieux. Je peux encore m'améliorer, même à mon âge.

tsrsport.ch: La Coupe Spengler, que Kloten va disputer cette année, s'approche à grands pas. Vous réjouissez-vous?

MARCEL JENNI: J'avais déjà disputé ce tournoi en 1998 avec le club autrichien de Feldkirch. On n'avait gagné qu'un seul match, ce n'était pas un bon souvenir. J'avais dû inscrire un petit but au total. Je faisais partie d'un bloc de renfort suisse, avec Mathias Seger, Martin Steinegger et Gian-Marco Crameri. Je me réjouis beaucoup. Je pense même qu'on peut gagner. Si on perdra de l'énergie pour le championnat? L'important, c'est que nous soyons en forme pour les playoff!

Propos recueillis par Michaël Taillard

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Marcel Jenni express

Plat préféré: raclette.

Boisson préférée: vin rouge.

Lieu de vacances favori: Italie, France, Romandie, Tessin, le Pérou. Mais je préfère par-dessus tout l'Engadine.

Meilleur souvenir: le match Suisse-France (5-1) au Mondial 1998. J'ai marqué le 5-1 dans le but vide et du coup on se qualifiait pour le tour suivant. Et mes titres avec Lugano et Färjestads (réd: en 1999 et en 2002).

Pire souvenir: quand on a perdu le 4e match de la finale en 2e prolongation avec Färjestads en 2003.

Musique préférée: classique, Led Zeppelin, AC/DC, trance, etc.

Film préféré: j'aime les documentaires.

Meilleure qualité: ma volonté de toujours m'améliorer.

Pire défaut: je suis parfois trop impulsif.

Meilleur gardien de LNA: Reto Berra (Bienne) et Cristobal Huet (Fribourg).

Idole de jeunesse: Sergei Makarov. Et l'équipe d'Arosa dans les années 80 avec le Canadien Merlin Malinowski.

Hobby: lire des romans policiers.

Marcel Jenni en bref

Nom: Jenni
Prénom: Marcel

Né le: 2 mars 1974
Nationalité: Suisse

Taille/poids: 180cm / 86 kg

Poste: ailier gauche
Tir: gaucher


Carrière professionnelle:

HC Lugano (1993-1999), Färjestads/SWE (1999-2005), Kloten Flyers (2005-?).

Palmarès:

Champion de Suisse en 1999 avec Lugano.
Champion de Suède en 2002 avec Färjestads.