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Gérard Castella évoque l'évolution du foot suisse

Gérard Castella a fêté 7 promotions, la dernière avec NE Xamax
Gérard Castella a fêté 7 promotions, la dernière avec NE Xamax
Gérard Castella a le football dans le sang. A tel point qu'il n'a pas hésité à sacrifier sa profession de base pour pouvoir étancher sa soif de ballon.

Sa passion, il l'a transmise entre autres à des Tranquillo
Barnetta, à St-Gall, des Patrick Mueller, à Meyrin, ou encore à des
Carlos Varela, à Servette.



Celui que l'on surnomme "Monsieur promotion", il en a célébrée 7,
fêtera en octobre ses 25 ans en tant qu'entraîneur. L'occasion
d'évoquer avec l'homme fort de Xamax ses débuts, de parler de
l'évolution du football suisse et du niveau du championnat de Super
League.



TXT: Dans quelles circonstances avez-vous décidé
de devenir entraîneur en 82/83 à Etoile Carouge?



GERARD CASTELLA: J'étais arrivé en cours de
saison après le départ de l'entraîneur. J'avais saisi
l'opportunité. Le hasard a voulu que cela soit Carouge. Je n'avais
vraiment aucune expérience d'entraîneur. A l'époque, je venais
pourtant de signer un contrat de 3 ans avec Lausanne en tant que
joueur.



- Vous avez épousé la carrière d'entraîneur à 29 ans? Pourquoi si
tôt?



GERARD CASTELLA: En 81/82, Peter Pazmandi,
l'entraîneur de Lausanne, avait doublé tous les postes. Ce qui fait
que je ne jouais pas toujours.

Mon secret? La passion

- Vous fêterez en octobre vos 25 ans en
tant qu'entraîneur. Quel est votre recette pour une telle
longévité?



GERARD CASTELLA:

Il n'y a pas de miracle. C'est
comme dans la vie. Il faut travailler, se donner à fond, s'investir
et faire des sacrifices. J'ai travaillé pendant 10 ans dans le
milieu bancaire avec des perspectives intéressantes. En choisissant
le football, j'ai tiré un trait sur ma profession. Pour moi, le
football était la chose la plus importante. Mon secret est de vivre
de ma passion. C'est un énorme privilège. Tous les matins lorsque
que je me lève, je suis heureux d'aller à l'entraînement. Je ne
suis pas blasé.



- Vous avez pris certains risques.



GERARD CASTELLA:

Je crois qu'il faut aller au
bout de sa passion. Je ne voulais pas arriver à la fin de ma vie en
ayant des regrets. Il faut se lancer. Il est clair qu'il faut aussi
avoir l'entourage pour pouvoir tenter sa chance.



- En 25 ans vous avez célébré 7 promotions et un titre de champion
de Suisse (ndlr: Servette en 1999)!



GERARD CASTELLA:

Vous faites référence à des
événements qui ont été médiatisés. Mais il y a aussi d'autres
succès. Ainsi par exemple, en 85/86, j'étais à la tête de Vevey et
nous avions sauvé notre place en LNA. Cet événement vaut largement
un titre de champion suisse. Sinon, il y a aussi le fait d'avoir
lancé des jeunes dans le bain. A Carouge, j'avais aligné Fargeon
qui est ensuite devenu international français, ou Barnetta à
St-Gall alors qu'il avait 17 ans. Ce sont des satisfactions
personnelles extraordinaires.



- Vous avez entraîné 8 équipes dont St-Gall (2001). Quel souvenir
gardez-vous de cette expérience alémanique?



GERARD CASTELLA:

Mi-figue, mi-raisin. Le public
est grandiose. J'ai fait 26 rencontres à St-Gall. Nous avions
disputé tous nos matches à domicile à guichets fermés! Mon seul
regret est d'être arrivé à St-Gall au mauvais moment. Je n'ai pas
pu aller au bout de mes idées. On ne m'a pas laissé le temps.
L'équipe avait moins faim de victoires. Les joueurs avaient été
pressés comme des citrons les 2-3 années précédentes.

"Tout va beaucoup plus vite"

- Le joueur suisse allemand est-il plus travailleur que le
Romand?



GERARD CASTELLA: C'est n'importe quoi! J'ai vu
des fainéants à St-Gall, des joueurs qui ne voulaient pas
s'entraîner. D'autres, au contraire, travaillaient dur. Idem à
Servette.



- A l'époque, des joueurs tels que Rummenigge, Stielike, Karembeu
venaient terminer leur carrière en Suisse. Ce n'est plus tellement
le cas désormais.



GERARD CASTELLA: La donne a aussi changé sur le
plan économique. A l'époque, c'était encore possible d'attirer des
joueurs de ce calibre. Le fossé au niveau financier entre les
grands pays du du football et la Suisse s'agrandit.



En fin de compte, seuls les joueurs suisses qui ont évolué à
l'étranger reviennent en Suisse terminer leur carrière.
Aujourd'hui, un joueur étranger en bout de carrière ira plutôt aux
Emirats ou en Chine.



- Qu'en est-il finalement du niveau du Championnat de
Suisse?



GERARD CASTELLA: Il est plus élevé qu'il y a 10
ou 20 ans. Le resserrement de l'élite y a contribué. Nous n'avons
pas les étrangers de l'époque mais par contre il y a une autre
génération d'étrangers qui veulent se montrer pour partir ensuite
dans des grands clubs.



Sur le plan technique, le Championnat de Suisse n'est pas meilleur
qu'à l'époque. La différence s'opère au niveau de la condition et
de l'engagement physiques, de l'intensité et de la vitesse du jeu.
Tout va beaucoup plus vite. Ca n'a plus rien à voir.

"Le joueur suisse est trop bon marché"

- Les joueurs suisses ne se sont jamais aussi bien
exportés.



GERARD CASTELLA: Depuis 1996, la formation des
jeunes joueurs a été intensifiée. Ceci a permis aux clubs de mieux
se structurer grâce à l'ASF qui a imposé des labels de
formation.



Le joueur suisse est intéressant car il est à mon avis trop bon
marché sur le plan européen. Son rapport qualité/prix est
excellent. Lorsque le Bayer Leverkusen a acheté Barnetta à St-Gall,
cela lui en a coûté environ 400'000 francs. Aujourd'hui, le Bayer
pourrait facilement en tirer entre 4 et 6 millions. Il a multiplié
par plus de 10 sa mise.



- Dix équipes évoluent en Super League. Seriez-vous favorable à
une augmentation de ce nombre?



GERARD CASTELLA: Je suis partisan pour un
Championnat normal, à savoir 1 match aller et 1 match retour. Et
c'est tout. Ceci n'est déjà pas le cas actuellement (ndlr: chaque
équipe affronte les 9 autres 4 fois). Le 1er serait champion, le 2e
vice-champion et les 2-3 derniers seraient relégués en 2e division,
comme dans les grandes nations du football.



En Super League, il manque encore Servette et Lausanne. Ce sont
des clubs de tradition qui méritent leur place dans l'élite.
J'espère les y retrouver le plus vite possible.



Propos recueillis par Miguel Bao/TXT

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Palmarès et parcours de Gérard Castella

2007 promotion en Super League avec NE Xamax

2005 promotion en Challenge League avec Lausanne

2004 promotion en 1re Ligue avec Lausanne

1999 champion de Suisse avec Servette

1996 promotion en LNB avec Meyrin

1995 promotion en 1re Ligue avec Meyrin

1990 promotion en LNB avec UGS

1984 promotion en LNB avec Etoile Carouge

.

06-07 NE Xamax

05-06 Lausanne

04-05 Lausanne

03-04 Lausanne

02-03 St-Gall

01-02 St-Gall

01-02 Et.Carouge

00-01 Et.Carouge

99-00 Et.Carouge

99-00 Servette

98-99 Servette

97-98 Servette

96-97 Servette (assistant)

95-96 Meyrin (1L)

94-95 Meyrin (2L)

93-94 Meyrin (2L)

92-93 UGS (LNB)

91-92 UGS (LNB)

90-91 UGS (LNB)

89-90 UGS (1L)

88-89 Etoile Carouge (LNB)

87-88 Etoile Carouge (LNB)

86-87 Etoile Carouge (LNB)

86-87 Meyrin (2L)

85-86 Vevey

84-85 Etoile Carouge (LNB)

83-84 Etoile Carouge (1L)

82-83 Etoile Carouge (1L)

Le regard de Gérard Castella sur les managers

TXT: Comment avez-vous vécu l'évolution du foot suisse ces dernières années?
GERARD CASTELLA: Il y a 20 ans, l'entraîneur s'occupait quasiment de tout avec le président. L'arrivée des agents a changé le monde du football. Pour certains joueurs leur manager est plus important que leur entraîneur. C'est le grand problème aujourd'hui dans le football.

- Mais encore?
GERARD CASTELLA: Si un joueur a un petit souci avec l'entraîneur, il appelle son manager. Si on remplace un joueur à la mi-temps, il est capable d'appeler son agent. S'il fait une bonne passe, il appelle son agent. Le métier d'entraîneur est devenu plus compliqué car il faut maîtriser tous les éléments qui gravitent autour du football. Certains agents ou sponsors trop influents sur le club peuvent "polluer" une équipe.


Le questionnaire de Proust

Quelle est la première chose que vous faites le matin: je me lève.

Votre meilleur souvenir: naturellement, le titre de champion de Suisse avec Servette en 1999.

Votre pire souvenir: la rencontre St-Gall - Grasshopper (ndlr: 11.09.02). Nous menions 2-0 avec 70 minutes grandioses et puis nous avons perdu 3-2.

Pour vous, le football c'est: ma passion.

Si vous n'aviez pas été entraîneur: petit, je voulais conduire les trains.

Votre idole: Johan Cruyff

Votre devise: dire ce que l'on fait et faire ce que l'on dit.

Le dopage est-il une fatalité? Non, c'est de la m...

Votre salaire: je ne suis pas à plaindre.