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Dany Ryser ou l'art de faire briller la diversité

Ryser a su faire cohabiter des jeunes issus de cultures différentes.
Ryser a su faire cohabiter des jeunes issus de cultures différentes.
Dany Ryser y est pour beaucoup dans le sacre mondial des M17 au Nigeria. L'entraîneur soleurois, un motivateur hors pair qui avait pourtant connu une carrière de joueur modeste, est un homme qui ne laisse rien au hasard.

Le triomphe des M17 à la Coupe du monde au Nigeria est celui
d'une bande de jeunes audacieux et talentueux, mais aussi celui
d'un formidable pédagogue, méticuleux et travailleur: le
sélectionneur Dany Ryser, qui récolte tous les éloges de ceux qui
l'ont côtoyé. Soleurois de 52 ans, Dany Ryser a derrière lui une
modeste carrière de joueur (qui l'a amené en LNB, à Granges), mais
surtout un passé d'instituteur puis de formateur au long cours à
l'Association suisse de football (ASF) qui le prédestinait à
s'occuper de ces M17. Lorsqu'il les a pris en mains, ils évoluaient
en M15; il a eu trois ans pour les former et les faire adhérer à
son discours.

Un motivateur hors pair

La patte de Ryser? Un mélange de force de conviction,
d'organisation et de bon sens. «C'est un motivateur hors pair,
un entraîneur phénoménal comme on en rencontre peu
», explique
Miguel Bao, chef des sports du Teletext à la TSR, qui a joué sous
les ordres de Ryser dans les années 90 au FC Bienne, alors en 2e
ligue (l'équipe a ensuite été promue en 1re ligue). «Nous
apprenions toujours quelque chose à l'entraînement. Il nous
demandait en premier lieu de réfléchir sur le terrain plutôt que de
nous époumoner. Nous étions excellemment préparés sur le plan
tactique.
» Ce sens de l'organisation apparaît comme un fil
rouge dans la carrière du Soleurois, qui a été responsable de la
formation des entraîneurs à l'ASF de 1997 à 2007, année où il a
ensuite succédé à Bernard Challandes comme responsable des
sélections de jeunes.

«Rien n'est laissé au hasard»

Souvent dominés dans le jeu au Nigeria, sauf contre l'Allemagne
ou la Colombie, les Suisses ont d'abord brillé par leur efficacité
et leur intelligence de jeu: la marque de fabrique de Ryser, qui a
un plan pour tout. «Pour la finale, nous nous étions préparés
spécialement pour contrer la vitesse des Nigérians
», a du
reste relevé le sélectionneur. «Chez Dany Ryser, rien n'est
laissé au hasard
», confirme Thomas Spörri, secrétaire du
Département technique à l'ASF. «C'est un homme très
consciencieux, gros travailleur, qui planifie tout dans les
moindres détails sans chercher à se mettre en avant.
» Le
technicien n'en est pas pour autant une «souris grise». Son
application se double d'une grande sensibilité pour la dimension
émotionnelle du jeu: «Parfois, dans les théories d'avant-match,
nous avions la chair de poule
», relève Miguel Bao. Sans
artifices, «Ryser sait toujours trouver les mots
justes
».

Le roi du puzzle

Pédagogue dans l'âme, cet ex-instituteur au niveau primaire a
compris l'importance de la communication dans un groupe où 60% des
joueurs sont des enfants de l'immigration: Albanie, Tunisie,
Bosnie-Herzégovine, Congo, Portugal, Chili, Croatie, Ghana, Serbie,
Suisse bien sûr... le mélange des cultures est impressionnant dans
cette équipe. Révélateur et catalyseur à la fois d'une société qui
change, le «team» de Ryser fait la part belle aux gars des Balkans,
alors qu'on cherche en vain, parmi les «secundos» de l'équipe, des
Espagnols ou des Italiens.



Ryser restera comme l'homme qui a su cristalliser les énergies et
mettre en place les pièces de cette formidable mosaïque. Il est de
la trempe des grands formateurs qui font la richesse du football
suisse, assez pauvres en moyens mais riche en ressources humaines
et pédagogiques: Bernard Challandes, Lucien Favre ou encore Yves
Débonnaire. Sous l'impulsion d'hommes de terrain de cette veine, le
football suisse change, progresse et commence à être reconnu:
«Il y a 15 ans, nos équipes de jeunes devaient affronter
l'Alsace ou le Bade-Wurtemberg, personne ne voulait jouer contre
nous
», a dit Yves Débonnaire dimanche soir à la TSR.
Aujourd'hui, les plus grands clubs du monde frappent à la
porte...

RYSER RETOURNERA CHEZ LES M15



La Coupe du monde M17 remportée par son équipe au Nigeria
représentait la dernière aventure du sélectionneur suisse Dany
Ryser avec cette classe d'âge. Le technicien reprendra en principe
les M15 en janvier, pour un nouveau cycle tel que celui qui s'est
achevé au Nigeria. «C'est ce qui est prévu», relève Thomas
Spörri, secrétaire du chef technique à l'Association suisse de
football (ASF). L'équipe des M17 qui vient d'être couronnée au
Nigeria est en fait une équipe de M18, comme toutes les autres
formation ayant participé à cette épreuve, qui était M17 au moment
des éliminatoires. Les joueurs passeront officiellement dans le
giron des M18 de l'ASF - ou chez les plus âgés pourquoi pas - dès
l'année prochaine, sous la responsabilité de Claude Ryf et de son
assistant Pablo Iglesias.



si/tai

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La presse suisse en extase

La presse romande n'a pas manqué de superlatifs au lendemain de la victoire de l'équipe de Suisse des moins de 17 ans au Nigeria. «Champions du monde» titrent simplement «Le Matin», «Le Nouvelliste», «L'Express» ou encore «La Liberté». «La Suisse triomphe» pour «L'Impartial», «Le Journal Du Jura» trouve les «Petits Suisses très grands» et «20 Minutes» les proclame «Rois du monde». Dans «Le Matin», Nicolas Jacquier jubile dans son éditorial: «Les champions du monde de football 2009 ne sont ni Brésiliens, ni Italiens, ni Allemands, ni Argentins... Ils sont Suisses. Non, vous ne rêvez pas...». Le journaliste ajoute que «Ce triomphe d'une Suisse multiculturelle constitue l'une des plus belles pages de l'histoire du sport. Aux aînés de l'équipe A de s'inspirer des prouesses de ces juniors pour briller à leur tour en juin 2010 en Afrique du Sud».

«La Liberté» a choisi de mettre en avant le rôle joué par le coach des Helvètes. «Dany Ryser est un mage», exulte Vincent Chobaz. «Le plus bel hommage que l'on puisse lui rendre? Sans doute lui dire que ses petits gars étaient si pétillants qu'ils ne jouaient pas... comme des Suisses.», indique le journaliste. Globalement, la presse lémanique a choisi de se mêler aux familles des acteurs. «Le Matin», «24 Heures» et la «Tribune de Genève» étaient aux côtés des Veseli à Renens, tandis que «Le Nouvelliste» a accompagné les proches de Maik Nakic à Crans-Montana.

La presse alémanique n'est pas en reste. La «St-Galler Tagblatt» trouve le sacre suisse «Sensationnel», la «Luzerner Zeitung» et le Tages Anzeiger clament «Nous sommes Champions du monde», «Südostschweiz» titre «Nos jeunes en or l'ont fait», la «Berner Zeitung» lance que «La sélection M17 est "top of the world"», et la «Basler Zeitung» évoque un «Succès pour l'éternité». Dans le «Blick», le chef de la rubrique des sports Ernst Kindhauser entame son éditorial par cette constatation: «Nous sommes champions du monde. En football. Un succès qui va rester dans les mémoires. Le concurrence, dans ce sport, est mondiale et sans pitié. Celui qui réussit cela mérite le respect» enchaîne le journaliste du quotidien zurichois.