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Nikola Portner: "C'est un rêve de jouer l'Euro"

Portner [Keystone - Georgi Licovski]
Nikola Portner compte déjà 40 sélections dans les buts de l'équipe de Suisse. - [Keystone - Georgi Licovski]
Battue lors de ses deux premiers matches, la Suisse a le couteau sous la gorge au moment d'affronter la République tchèque (29 avril et 2 mai) dans le cadre des qualifications de l'Euro 2016. Gardien de l'équipe nationale et de Schaffhouse, Nikola Portner s'est confié à RTSsport.ch.

En quête d'une première participation à un tournoi majeur depuis l'Euro 2006 organisé... en Suisse, les Helvètes peuvent compter sur une génération prometteuse. A seulement 21 ans, le futur gardien de Montpellier fait déjà partie des cadres de l'équipe nationale.

Nikola Portner suit ainsi les traces de son père Zlatko, ancien international yougoslave médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Séoul en 1988.

RTSsport.ch: La Suisse s'apprête à affronter à deux reprises la République tchèque. L'erreur n'est pas permise pour continuer à rêver de l'Euro 2016...

NIKOLA PORTNER: Ca va être difficile, sachant que la République tchèque est une bonne équipe avec notamment Filip Jicha qui joue à Kiel (Allemagne), le meilleur club du monde. Si on veut mathématiquement avoir une chance de se qualifier, il faut gagner les deux matches, on n'a pas le choix.

RTSsport.ch: La mission s'annonce très compliquée au sein d'un groupe relevé, comptant notamment la France. Une non-qualification constituerait tout de même une grande déception?

NIKOLA PORTNER: Oui, bien sûr. Disputer un grand tournoi, c'est quelque chose dont chaque joueur rêve. Donc c'est toujours décevant quand on n'y arrive pas. On sait très bien que si, un jour,  on veut participer à un Mondial, un Euro ou des JO, il faut passer par là.

"Avoir le courage de partir à l'étranger"

RTSsport.ch: Que manque-t-il à cette équipe pour franchir un palier et disputer un grand tournoi?

NIKOLA PORTNER: C'est une question difficile. Il manque un peu de tout, notamment de l'expérience. Il faudrait aussi que les jeunes soient mieux formés dès le début. En Suisse, le sport, le handball passent au second plan. Le championnat suisse n'est pas professionnel. Tu peux gagner ta vie avec le hand mais ça dépend où tu joues. Il faudrait aussi que plus de joueurs aient le courage de tenter leur chance à l'étranger, la volonté de travailler et de progresser.

Arrivé à Schaffhouse en début de saison, le natif de Lyon est devenu titulaire indiscutable. [EQ Images - Vid Ponikvar]

RTSsport.ch:

Pour progresser, il faut partir à l'étranger. C'est devenu une évidence?

NIKOLA PORTNER: Si tu restes en Suisse, tu vas arrêter de progresser à un moment donné. Quand tu joues en équipe nationale, tu joues six matches de haut niveau, avec les qualifications pour l'Euro par exemple, en une année et c'est tout, à moins que ton club joue une Coupe d'Europe. Quand tu joues à l'étranger, tu joues un match de niveau international chaque week-end, voire deux fois par semaine. Tu t'adaptes à ce rythme et donc tu progresses. Le progrès est quelque chose qui ne devrait pas se ressentir.

"J'ai dû me battre pour en arriver là"

RTSsport.ch: Vous êtes international depuis 2011 (réd: 2 novembre face à l'Italie). Comment jugez-vous la progression de l'équipe nationale?

NIKOLA PORTNER: J'ai constaté un gros progrès au niveau de l'effectif. Je veux dire par là qu'il y a un plus grand nombre de joueurs capables d'évoluer en équipe nationale. Quand j'ai commencé, on avait 18 joueurs de ce niveau et c'est tout.

RTSsport.ch: Entre l'équipe nationale et la Ligue des champions, que vous avez disputée avec Schaffhouse cette saison, vous bénéficiez déjà d'une solide expérience à seulement 21 ans...

NIKOLA PORTNER: Oui, c'est vrai. J'ai vraiment dû me battre pour en arriver là. Je suis passé de Berne, où on avait joué en Coupe d'Europe, à Schaffhouse et la Ligue des champions où on a notamment affronté les Polonais de Kielce, qui sont qualifiés pour le final four du tournoi. C'est énorme.

"Montpellier? L'affectif a parlé"

RTSsport.ch: Dans un an, vous rejoindrez Montpellier. Expliquez-nous votre choix...

NIKOLA PORTNER: Il y a plusieurs raisons, notamment affectives. J'ai eu plusieurs propositions, mais je suis né en France, mon père y a joué (réd: à Vénissieux de 1992 à 1994), je n'ai entendu que du positif sur le championnat de France et sur le club de Montpellier. C'est le club qui m'a montré le plus d'intérêt, c'est quelque chose que j'ai ressenti. Mon transfert a été réglé en cinq jours. Les dirigeants ont trouvé du temps pour moi, pour régler le transfert alors qu'il y avait les Mondiaux au Qatar au même moment. J'ai trouvé ça super de leur part. Ils m'ont donné le sentiment que j'étais quelqu'un d'important.

Nikola Portner a été séduit par le Montpellier AHB, qu'il rejoindra en 2016. [Keystone - Alessandro Della Bella]

RTSsport.ch:

Etait-ce une volonté de votre part ou de votre futur club d'attendre encore une saison?

NIKOLA PORTNER: La mienne. J'ai 21 ans et c'est important de jouer le plus possible. A Schaffhouse, je joue tous les matches au sein du meilleur club suisse. Mon but est d'emmagasiner le maximum d'expérience avant de partir à Montpellier. Je tenais aussi à honorer mon contrat vis à vis du club qui m'a beaucoup apporté. Je leur devais ça. J'avais deux ans de contrat et je leur avais promis dès le départ que je le respecterais.

"Mon père ne m'a jamais laissé gagner"

RTSsport.ch: Votre père Zlatko est un ancien international yougoslave. A-t-il une influence sur vos choix de carrière?

NIKOLA PORTNER: On est une famille unie. Tout se fait à table. Quand je demande un conseil à mon père, je le demande aussi à ma mère et à ma grande soeur. On parle beaucoup, il me conseille énormément. Mais la décision finale, c'est moi qui la prends. Personnellement, je ne pense pas qu'il ait une grosse influence sur ma carrière et sur mes décisions.

RTSsport.ch: Vous êtes gardien de but. Pourquoi ce poste plutôt qu'un autre?

NIKOLA PORTNER: Je suis devenu gardien à cause de mon père. Il était joueur et quand on allait jouer dehors, il me mettait dans les buts. C'est un petit peu la mentalité ex-yougoslave: le plus jeune va aux buts. De toute ma vie, mon père ne m'a jamais laissé gagner. J'avais 5 ans, je mesurais 1,20 m et il me mettait des tirs dans la lucarne alors que je n'arrivais même pas à toucher la latte.

RTSsport.ch: Rien de mieux pour forger le caractère...

NIKOLA PORTNER: C'est ça! Et je lui ai toujours dit qu'un jour j'y arriverais. C'est une bonne leçon de vie. Et maintenant que je joue à haut niveau, c'est moi le chambreur. Il faut que je l'embête, c'est plus fort que moi (rires).

Propos recueillis par Axel David - twitter @axel_david7

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Qualifications Euro 2016, groupe 6

29.10.2014 Macédoine - Suisse 27-20
30.10.2014 France - Rép. tchèque 41-25
02.11.2014 Rép. tchèque Macédoine 27-27
02.11.2014 Suisse - France 24-33

29.04.2015 Suisse - Rép. tchèque 20h00 à Schaffhouse
29.04.2015 Macédoine - France 20h15
02.05.2015 Rép. tchèque - Suisse 17h00
03.05.2015 France - Macédoine 17h05
10.06.2015 Rép. tchèque - France 18h10
10.06.2015 Suisse - Macédoine 20h00 à St-Gall
13.06.2015 France - Suisse 15h00
14.06.2015 Macédoine - Rép. tchèque 20h15

Classement:
1. France 2/4
2. Macédoine 2/3
3. Rép. tchèque 2/1
4. Suisse 2/0

Les deux premiers de chaque groupe, ainsi que le meilleur troisième qualifiés pour le tour final de l'Euro 2016 en Pologne.

Nikola Portner en bref

Né le 19 novembre 1993 à Lyon (FRA)

1,94 m, 90 kg

Poste: gardien de but

Parcours:
2010-2014 BSV Bern Muri
2014-... Kadetten Schaffhausen
Dès la saison 2016-2017, il évoluera à Montpellier

40 sélections en équipe de Suisse (1 but)