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Le Tour "déjà réussi" de Thomas Voeckler

Thomas Voeckler [Christophe Ena]
"Ti-Blanc" a pris la pause lors de la journée de repos à Valence. - [Christophe Ena]
Héros de cette deuxième semaine sur les routes du Tour de France, Thomas Voeckler est décidé à aller au bout de sa souffrance pour conserver son maillot jaune. Mais l'Alsacien est convaincu qu'il ne le gardera pas indéfiniment.

Thomas Voeckler a estimé son Tour de France "déjà réussi" pour lui et pour l'équipe Europcar, lors de la seconde journée de repos de la course dont il porte le maillot jaune. "On n'aurait jamais espéré avoir le maillot jaune pendant autant de temps", s'est enthousiasmé l'Alsacien de 32 ans, qui a répondu aux médias, une heure durant, dans la cour de son hôtel à Valence.

Estimez-vous toujours vos chances de victoire finale à zéro?

Thomas Voeckler:

Sincèrement oui. Comme tout le monde en parle, je me demande si c'est moi qui ai raison de ne m'accorder aucune chance ou vous qui avez raison d'en parler.

L'Alsacien tient à sa tranquillité et savoure un moment de lecture bien mérité. [KEYSTONE - Laurent Cipriani]

Depuis 2004, où j'ai eu la chance d'être sous le feu des projecteurs, je sais comment ça marche, ça fait du bien en France de penser qu'un Français peut gagner le Tour. Mais je suis certain de ne pas être celui-là.

Comment vous sentez-vous?

Thomas Voeckler: Beaucoup mieux qu'après l'étape du Plateau de Beille. J'ai passé une bonne nuit. Hier (ndlr: dimanche), j'étais dans un sale état.  Si ça avait été une étape de montagne, j'aurais fini à un quart d'heure.

Et la fatigue psychologique?

Thomas Voeckler: Heureusement, j'ai vécu 2004. On gère beaucoup plus qu'à l'époque, pour moi et encore plus le staff. La ligne franchie, je préférerais me doucher et aller à l'hôtel avec les collègues... Mais on ne peut pas tout avoir. (ndlr: La médiatisation) c'est un passage obligé. En 2004, j'étais content qu'on s'intéresse à moi. Là, je mentirais si je disais que je prends énormément de plaisir, ça fait partie du métier.

Ressentez-vous la pression?

Thomas Voeckler: Je ne suis pas là pour gagner le Tour. On arrive dans les Alpes, c'est le moment pour les coureurs qui sont là pour gagner le Tour. Moi, j'ai juste une obligation morale envers mes coéquipiers qui ont tout donné, l'obligation d'aller au bout de ma souffrance. Et, quand ça ne marchera plus, ça ne marchera plus... Si je perds le maillot demain, ça ne m'empêchera pas d'être tranquillement chez moi, lundi, avec mon épouse et mes enfants.

Cadel Evans détient les clés

Qui a la clé du Tour?

Thomas Voeckler: Pour moi, c'est Evans, à cause de sa supériorité dans le contre-la-montre.

Au Dauphiné, vous aviez perdu moins de deux minutes sur Evans...

Thomas Voeckler: J'étais très mal parti. Brajkovic m'a rattrapé à 20 kilomètres de l'arrivée, j'ai réussi à finir avec lui en point de mire. Je suis très nul en contre-la-montre. Si j'ai un objectif devant moi, j'arrive à faire beaucoup mieux. Mais je pense qu'Evans sera plus fort (ndlr: au Tour) qu'au Dauphiné.

Et vous-même?

Thomas Voeckler: Je me suis surpris au Plateau de Beille. J'espère être meilleur qu'au Dauphiné sachant que d'ici là (ndlr: samedi), j'aurai peut-être 'craqué' un grand coup...

Une grande complicité existe entre Rolland et Voeckler (12e étape). [KEYSTONE - Ian Langsdon]

Le regard des autres a-t-il changé sur vous?

Thomas Voeckler: Je ne sais pas, je m'occupe de moi.

Regrettez-vous d'avoir autant couru en début de saison?

Thomas Voeckler: Je me demande comment j'arrive à faire cela. J'ai beaucoup couru. En tout et pour tout, j'ai fait une semaine sans vélo après les Quatre Jours de Dunkerque. J'en ai profité pour tout remettre en ordre chez moi pour l'arrivée de la petite (ndlr: son deuxième enfant). Mais je ne regrette pas. Ce que j'aime, c'est la compétition. Je fais du vélo à ma façon, comme j'aime. Chacun a son approche. Et puis je suis déjà parti de la maison 170 jours dans l'année. Pour des courses, d'accord, pour le reste...

"Ces moments-là, on ne nous les enlèvera pas"

Votre équipe?

Thomas Voeckler: On a un très bon groupe qui s'entend super bien. Il peut y avoir des petits coups de gueule, l'essentiel est de les régler. Il y a une grosse différence entre faire son travail parce qu'on doit le faire et parce qu'on en a envie. Les gars ont très envie, ils donnent le meilleur. Ces moments-là, on ne nous les enlèvera pas.

Que faudrait-il pour gagner le Tour?

Thomas Voeckler: Je ne sais pas... il faudrait que j'ai le maillot jaune à Créteil (ndlr: départ de la dernière étape) !

Que pensez-vous de l'inquiétude des "grands" à votre égard?

Thomas Voeckler: La question montre très bien que je ne suis pas comme eux (ndlr: un grand)! Je vais essayer de suivre. Si justement ils sont grands et moi petit, ils n'ont pas à être inquiets...

afp/lper

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16e étape, mardi 19 juillet

St-Paul-Trois-Châteaux - Gap (162,5 km)

Dépa
rt: 13h15
Arrivée: vers 17h15

Sprints:
km 117,5: Veynes

Montagnes:
km 151: col de Manse (2e)

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Classement général (18.07)

1. Thomas Voeckler FRA 65h24'34"
2. Frank Schleck LUX + 1'49"
3. Cadel Evans AUS 2'06"
4. Andy Schleck LUX 2'15"
5. Ivan Basso ITA 3'16"
6. Samuel Sanchez G. ESP 3'44"
7. Alberto Contador ESP 4'00"
8. Damiano Cunego ITA 4'01"
9. Tom Danielson USA 5'46"
10. Kevin De Weert BEL 6'18"
11. Rigoberto Uran
COL 7'55"
12. Jean-Chr. Peraud FRA 8'20"
13. Rein Taaramae EST 9'02"
14. Pierre Rolland FRA 9'20"
15. Haimar Zubeldia ESP 9'50"
49. Steve Morabito SUI 42'44"
71. David Loosli SUI 1h10'23"
100. Michael Schaer SUI 1h35'22"
130. Fabian Cancellara SUI 1h56'33"

Six favoris regroupés en 2'30

A six jours de l'arrivée à Paris, le Tour de France est plus ouvert que jamais. Six favoris sont regroupés en moins de deux minutes et demie à distance du Français Thomas Voeckler. La course s'est offert lundi un second répit, bienvenu, sous le soleil de la Drôme, avant d'attaquer les Alpes.

A l'exemple de Voeckler qui a apprécié de se reposer de la traversée des Pyrénées, de deux étapes conclues par des différences très minimes entre Cadel Evans, Andy et Frank Schleck, Alberto Contador, voire Ivan Basso et Samuel Sanchez, toujours dans le coup.

Evans en position favorable

Cadel Evans pointe à la troisième place du classement général, à 2'06 de Voeckler et à seulement 17 secondes de Frank Schleck, qui lui est nettement inférieur dans le "chrono", bien que le Luxembourgeois ait travaillé sa position. Evans, deux fois deuxième du Tour, peut se cantonner à la défensive dans les deux grandes étapes alpestres qui se concluent par deux ascensions hors catégorie. A ses adversaires, supposés grimpeurs spécifiques, de lui prendre du temps.

Les frères Schleck l'ont annoncé lors de la journée, ils sont décidés à passer à l'offensive. "Je suis quatrième et Frank deuxième en arrivant dans les Alpes. C'est une position parfaite pour entamer la bataille", a estimé le plus jeune. Andy a même chiffré l'avantage nécessaire en vue du "chrono" de Grenoble, long de 42,5 kilomètres samedi prochain. "Si on a une minute ou une minute et 30 secondes, c'est bien", estime-t-il.

Le clm de Grenoble en point de mire

Avant le contre-la-montre de Grenoble, sans doute décisif, deux grandes étapes de montagne attendent les rescapés du Tour. Avec, à chaque fois, des montées finales classées hors catégorie, le Galibier jeudi, au terme d'un parcours grandiose par les cols d'Agnel et d'Izoard, et l'Alpe d'Huez vendredi après l'escalade de la face nord du Galibier, l'une des ascensions les plus dures des Alpes françaises.

Les deux étapes précédentes comportent surtout des pièges. La descente vers Gap, mardi, celle menant à Pinerolo le lendemain, avec un final très nerveux, sont autant de terrains favorables pour les attaquants. Surtout si la météo, pessimiste dans ses prévisions, se met dans la partie, sans que les deux grandes étapes suivantes soient pour autant menacées, de l'avis de l'organisation du Tour.

Le temps est compté pour Contador

Contador, qui doit impérativement reconquérir le terrain perdu en début de Tour, est contraint de jouer l'attaque. Depuis le début du Tour, le triple vainqueur du Tour court au plus juste. Ses proches l'avouent à demi-mot, il tient compte de l'ensemble des facteurs, de ses moyens du moment surtout. Mais le temps lui est mesuré.

agences/lper