Laurent Caspary. [RTS - Philippe Christin]

Laurent Caspary: la santé démocratique de l'Afrique

Une fois de plus, une élection démocratique tourne mal en Afrique. Depuis des semaines, au Gabon, le pouvoir incarné par Ali Bongo et l'opposition de Jean Ping se déchirent sur les résultats proclamés fin août, résultats fortement entachés de fraudes dans certaines régions. La Cour constitutionnelle devrait trancher, mais rien n'indique une sortie de crise prochaine.

Le Gabon se rajoute à la longue liste des pays africains qui n'arrivent pas à gérer les transitions démocratiques, une liste où l'on trouve pêle-mêle et à divers niveaux la République démocratique du Congo, le Congo Brazzaville, le Burundi, le Burkina Faso ou encore des régimes où le terme "démocratique" est totalement vidé de son sens comme le Zimbabwe, l'Ethiopie ou l'Erythrée.

C'est un peu lassant, il faut l'avouer, et la tentation est forte de se détourner de ces contrées lointaines et largement méconnues en Europe. Et pourtant, la santé démocratique du continent africain nous concerne tous.

L'Afrique est un continent jeune à la démographie explosive, le dernier dans ce cas sur notre planète dont la population est désormais vieillissante en Europe, en Amérique et prochainement en Asie. Si les pays africains restent embourbés dans les difficultés politiques et économiques, la question migratoire, déjà brûlante aujourd'hui, va devenir une question encore plus cruciale pour l'Europe et donc pour la Suisse.

Croire que l'avenir politique du Gabon ne nous concerne pas est une erreur. L'Occident devrait s'engager davantage, au Gabon et ailleurs en Afrique, peser de tout son poids politique pour que ces pays retrouvent une certaine stabilité et offrir ainsi à leurs jeunesses des perspectives d'avenir.

Il faut pour cela se débarrasser du poids moral de la colonisation qui a tendance à rendre frileuses les anciennes puissances coloniales. Le poids de l'histoire est important, mais il faut désormais s'en extraire pour faire avancer la démocratie là où elle peine encore à s'imposer.
Laurent Caspary: la santé démocratique de l'Afrique