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Le drame d'Adeline suscite nécessairement des interrogations sur les failles du système pénitentiaire. Mais, comme après chaque horreur, l'émotion prend trop vite le pas sur la réflexion et piège les politiques. S'engouffrant dans la brèche ouverte par ces tragédies, les chantres du tout sécuritaire populiste désignent toujours le même coupable: une justice soi-disant laxiste. Cette fois c'est la philosophie de la réinsertion qui est visée. Croire que le durcissement de notre régime carcéral va automatiquement nous prémunir de ces drames c'est rassurant. Mais illusoire. Les modalités de la réinsertion sont certes à revoir. Mais les appels hâtifs de ces derniers jours à l'embastillement à jamais des criminels violents voire à la peine de mort sont les symptômes d'un mal plus profond. A savoir la méfiance toujours plus forte de notre justice dans son ensemble. Pourtant, si le durcissement était la solution miracle, ça se saurait. Les Etats-Unis avec le taux d'incarcération le plus élevé au monde serait donc le pays le plus sûr. Et les pays nordiques, avec leurs criminels dorlotés, seraient les coupe-gorges de l'Europe. Si nous voulions axer notre justice sous le seul angle de la punition des délinquants, il faudrait l'assumer jusqu'au bout. Et faire comme le Texas ou la Californie dont les budgets croulent sous le poids de leur système carcéral. On ne choisit pas la réinsertion faute de mieux. On la choisit parce qu'elle reflète nos valeurs. La notion de la perfectibilité de l'homme n'est ni gauchiste ni laxiste. Elle est humaniste. Certains criminels ne sauront être à la hauteur de cet idéal. Mais vouloir abandonner les fondements de notre système de justice pour ces cas exceptionnels, c'est faire injustice à nos valeurs démocratiques. Jordan Davis
La réinsertion ne rime pas avec le laxisme