Polémique autour de l'exposition d'art chinois au Kunst Museum de Berne

«C'est précisément parce que je respecte toute vie que j'ai fait cela», a dit l'auteur de l'oeuvre. Il a précisé que le corps de mouette était surmonté d'un foetus de sexe féminin acheté en 1999 pour l'équivalent de quelques dizaines de francs. «Les réunir ainsi était une façon de leur donner une autre vie», a déclaré Xiao Yu, qui a aussi collé des yeux de lapin sur le visage.


Selon ses dires, c'est un homme chargé de nettoyer un hall d'exposition scientifique qui lui a vendu le foetus. Le bocal était muni d'une étiquette écrite à la main expliquant qu'il s'agissait d'un embryon de sexe féminin des années 60.


Selon l'artiste de 40 ans, ni le nom ni la cause de la mort n'étaient précisés. Une date était bien mentionnée, mais Xiao Yu affirme avoir perdu le billet. «C'était aux alentours de mon anniversaire, car cela m'avait autrefois frappé», a déclaré l'artiste né le 22 avril 1965.

Fausse couche ?

Vu le développement de la tête, il estime qu'il s'agit probablement d'un foetus de six mois, issu d'une fausse couche. Il imagine mal un avortement, puisque le foetus est venu avant la politique chinoise «une famille-un enfant». Quant à la mouette, il prétend l'avoir trouvée morte.


Le Kunstmuseum de Berne a de son côté décidé hier de retirer provisoirement l'oeuvre. Les responsables veulent éviter que cette composition controversée n'occulte le reste de l'exposition «Mahjong», a expliqué mardi à l'AP Bernhard Fibicher, commissaire de l'exposition

Commission d'éthique

Le Kunstmuseum veut organiser le 22 août prochain un symposium avec des artistes, des philosophes et des spécialistes d'éthique avant de décider d'une éventuelle réintégration de l'oeuvre baptisée «Ruan».


Dans un premier temps, le musée, insistant sur sa vocation artistique, n'avait pas voulu retirer la création, qui n'avait suscité aucune polémique lors de son exposition à la Biennale de Venise en 2001.

Avertissement

«Je veux qu'on l'expose», a déclaré Xiao Yu. La pose d'affiches d'avertissement à l'intention des enfants n'est par contre pas un problème, selon l'artiste chinois, qui n'en est pas à sa première oeuvre provocatrice: dans une autre composition, il a fait coudre ensemble des souris de laboratoire vivantes et les a exposées dans un bocal.


L'exposition «Mahjong» présente jusqu'au 16 octobre prochain des oeuvres de la collection de l'ancien ambassadeur de Suisse en Chine Uli Sigg. Elle comporte des oeuvres de l'avant-garde chinoise du dernier quart de siècle.


RSR/TSR/Agences