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Photos pédophiles: un "expert" critique la RSR

Jorge Resende, employé qui a révélé l'affaire, licencié depuis.
Jorge Resende, employé qui a révélé l'affaire, licencié depuis.
Un des experts consultés par la Radio suisse romande dans l'affaire des fichiers pédophiles sort du bois. "Nous avons été utilisés de manière abjecte par la RSR", accuse le psychiatre Gérard Salem dans "Le Matin Dimanche".

Lorsqu'ils ont été sollicités en 2005, les trois experts n'ont
visionné que 25 à 30 photos parmi les 250 à 300 saisies sur
l'ordinateur d'un collaborateur de la radio. L'examen a duré une
petite heure. "Ça n'avait absolument rien d'une expertise", précise
Gérard Salem. Et d'ajouter: "Nous avons simplement donné un avis
amical et informel".

Aucune des photos visionnées par les experts n'avait le moindre
caractère pédophile, note-t-il. "Nous avons demandé s'il y avait
d'autres photos, on nous a répondu que oui, mais qu'elles étaient
du même acabit. On ne nous les a donc pas montrées".

Noms des experts divulgués

Les experts ont signifié à la direction de la RSR que si
d'autres images -à caractère pédophile cette fois- devaient tomber
entre leurs mains, ils conseillaient de dénoncer le cas à la
justice. Interrogés sur l'attitude à adopter envers le détenteur
des images, ils ont suggéré de lui proposer un suivi
psychologique.



Les noms des trois experts n'avaient pas été dévoilés jusqu'à
présent. Outre Gérard Salem, il s'agit de Georges Glatz, qui était
alors délégué vaudois à la prévention de la maltraitance des
enfants et des adolescents, et l'avocat Franck-Olivier Karlen,
apprend-on dans l'interview de Gérard Salem.



Jusqu'ici, les trois hommes s'étaient contentés d'écrire au juge,
car il aurait été nuisible à l'enquête de parler à la presse,
explique le psychiatre. "Mais nous avons envie de rétablir les
faits comme ils se sont passés, et non pas comme on nous les
présente".

Pas une expertise

Fin février, lorsque l'affaire a ressurgi, Blaise Rostan,
secrétaire général de la RSR, a demandé aux experts une attestation
qui confirme que les fichiers qu'ils avaient examinés en 2005
n'avaient aucun caractère pédophile, relève Gérard Salem. "Dans le
même e-mail, il nous fournit même une proposition de texte que nous
n'avons plus qu'à signer".



Les trois hommes ont refusé d'envoyer cette attestation. "Ce qu'on
nous demandait de signer ne correspondait pas du tout à la réalité.
De quelle expertise parle-t-on?", poursuit Gérard Salem. "Nous
avons compris que nous avions été instrumentalisés par la radio de
manière peu honnête".



Les experts ont alors écrit au juge pour lui exposer "la véritable
nature" de leur intervention. Selon Gérard Salem, les trois hommes
sont choqués par le rôle que la RSR leur a fait jouer dans cette
affaire. "Nous n'avons jamais fonctionné comme experts et nous
sommes très étonnés d'avoir été présentés comme tels".



ats/kot

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Le directeur de la RSR ne comprend pas

Le directeur de la RSR Gérard Tschopp «n'arrive vraiment pas à comprendre» ces déclarations, a-t-il réagi, interrogé par l'ATS. «Je ne vois pas du tout en quoi nous aurions été abjects».

Dans un communiqué, la direction de la radio précise qu'il ne s'agissait pas d'une expertise formelle ou judiciaire mais de rechercher un avis professionnel pour un problème délicat et inhabituel.

Elle dément avoir jamais songé à instrumentaliser les trois professionnels. Selon la RSR, les trois personnes ont eu accès à toutes les photos suspectes.

Jeudi passé, la direction de la RSR s'était dite consternée par la découverte de treize images pédophiles dans les fichiers saisis dans ses locaux par le juge d'instruction.

Ces images montraient des jeunes filles dont l'âge apparent se situe entre 12 et 14 ans, soit en-dessous de la majorité sexuelle atteinte à 16 ans. L'enquête se poursuit pour déterminer si l'employé mis en cause a réellement voulu télécharger ces fichiers pédophiles, condition sine qua non à une éventuelle condamnation.

Gérard Tschopp, directeur de la RSR, avait affirmé jeudi devant la presse que trois experts avaient visionné les images en 2005, un soir durant deux heures. Ils avaient jugé les photographies "limite" mais estimé qu'elles ne tombaient pas sous le coup de la loi.

Le directeur a rappelé que le collaborateur mis en cause avait fait l'objet d'un blâme, d'un suivi psychiatrique et d'une mise à l'épreuve de trois ans et demi. Depuis lors, son comportement professionnel est irréprochable.

Actuellement en arrêt maladie, il a été suspendu de ses fonctions jusqu'au verdict final du juge. Quant à l'informaticien qui a dénoncé l'affaire et qui a été licencié, la direction de la radio refuse de le réintégrer.

Les excuses de l'employé

Jeudi, l'employé qui a téléchargé les fichiers pédophiles a adressé une lettre d'explication aux 650 collaborateurs de la RSR. Il dit n'avoir "pas réalisé" que certaines photos concernaient de très jeunes filles.

"J'admets et je regrette profondément avoir en 2005 téléchargé des photographies pornographiques sur mon ordinateur personnel", a-t-il écrit.

"J'affirme cependant que je n'ai pas réalisé que certaines de ces photos, dont je ne suis en aucun cas l'auteur, concernaient de très jeunes filles", a-t-il ajouté.