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Birmanie: le recours d'Aung San Suu Kyi a été rejeté

Aung San Suu Kyi ne pourra pas se présenter aux élections prévues en 2010.
Aung San Suu Kyi a été privée de liberté durant 14 des 20 dernières années.
La Birmanie a continué d'ignorer vendredi les appels de la communauté internationale pour la libération de l'opposante Aung San Suu Kyi, en confirmant sa condamnation à 18 mois d'assignation à résidence alors que se profilent les premières élections dans le pays depuis 20 ans.

La cour suprême a rejeté le recours de ses avocats, qui
soulevaient notamment des arguments constitutionnels et peuvent
encore poursuivre la procédure avec un appel au président de la
plus haute institution judiciaire. "Nous ignorons pourquoi le
recours a été rejeté", a commenté Nyan Win, un des conseils de
l'opposante et porte-parole de son parti, la Ligue nationale pour
la démocratie (LND).

Procédure scabreuse

Potentiellement, la procédure peut encore durer plusieurs mois.
La lauréate du prix Nobel de la paix, 64 ans, avait été condamnée
en août 2009 à trois ans de réclusion et de travaux forcés pour
avoir brièvement hébergé un Américain qui avait réussi à nager
jusqu'à son domicile, situé sur les rives d'un lac.



La sanction avait été immédiatement commuée en une prolongation de
la résidence surveillée à laquelle elle est astreinte sans
discontinuer depuis 2003. Une cour d'appel a confirmé la sentence
en octobre.



Cette nouvelle décision ne manquera pas de susciter une vague de
protestations de la communauté internationale, qui demande des
gages d'ouverture avant les élections promises dans les prochains
mois et réclame la libération de Suu Kyi, privée de liberté pendant
plus de 14 des 20 dernières années.

"Pas une surprise"

"Ce n'est pas une surprise", a reconnu l'ambassadeur de France à
Rangoun, Jean-Pierre Lafosse, présent à la cour. "Elle devrait être
libérée immédiatement, c'est l'une des conditions pour une
véritable réconciliation nationale". Deux femmes qui vivent avec la
dissidente ont elles aussi vu leur condamnation confirmée
vendredi.



Le verdict est d'autant moins surprenant que le ministre de
l'Intérieur Maung Oo avait récemment fait état d'une possible
libération de l'opposante en novembre, soit au terme de sa peine
actuelle. Il confirme en tout cas que le généralissime Than Shwe,
homme fort de la junte, n'a pas voulu prendre le risque de libérer
quelques mois avant les élections une militante qu'il sait
infatigable et indomptable.



"Than Shwe avait déjà décidé du verdict et aucun juge n'aura le
courage de le modifier", a regretté Aung Din, directeur exécutif de
l'organisation US Campaign for Burma, basée aux Etats-Unis. "Le
système judiciaire en Birmanie n'est qu'un élément du mécanisme
d'oppression du régime".



Aung San Suu Kyi a pour l'instant refusé de se prononcer sur la
participation ou non de sa formation aux élections, dont les dates
sont inconnues, et que la communauté internationale craint qu'elles
ne soient qu'un simulacre visant à légitimer le maintien des
militaires au pouvoir.



afp/bkel

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Signes contradictoires

La junte multiplie les signes contradictoires depuis six mois.

En dépit de sa condamnation, Aung San Suu Kyi a repris un début d'activité politique en s'entretenant avec l'officier de liaison de la junte et des diplomates étrangers, et en obtenant l'autorisation de rendre visite aux cadres de la LND.

Simultanément, plusieurs dissidents écopaient de lourdes peines,pendant que le numéro 2 de la LND Tin Oo, arrêté avec Suu Kyi en 2003, était libéré.

La semaine dernière, un envoyé spécial de l'ONU en visite en Birmanie n'a pas été autorisé à la voir. Washington, qui a entamé l'an passé un dialogue politique avec les militaires après plus de dix ans de silence, a plusieurs fois déploré l'absence de résultat de sa politique d'ouverture.