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Le oui à la loi sur les jeux d'argent se renforce, selon le 2e sondage SSR

Le soutien à la loi sur les jeux d'argent, soumise au peuple le 10 juin, se renforce, selon le deuxième sondage de gfs.bern pour le compte de la SSR. Un rejet de l'initiative "Monnaie pleine" se dessine aussi, alors que la participation s'annonce faible.

A moins de deux semaines de la votation, les tendances annoncées lors du premier sondage SSR se renforcent pour les deux objets. A 52% le 4 mai, le oui à la loi sur les jeux d'argent est passé à 58%, indique mercredi le sondage réalisé par l'institut gfs.bern. Le non a reculé de 2 points, de 39% à 37%, et les indécis sont désormais peu nombreux (5%, - 4 points).

Pour gfs, il serait "surprenant" que le texte, qui vise à moderniser le marché suisse des jeux d'argent tout en renforçant la protection des consommateurs, ne soit pas accepté. Mais une réduction du nombre de oui ne peut être écartée, pour trois raisons: formation de l'opinion pas encore achevée, nombreux mots d'ordre favorables au non et état d'esprit "critique" des médias vis-à-vis de la loi.

Les 18-29 ans sont les seuls à dire non

Comme le référendum contre la nouvelle loi a été lancé par les jeunesses de plusieurs partis, de gauche et de droite, les sondés de 18 à 29 ans sont logiquement les seuls à rejeter le texte (55% de non, 43% de oui). Toutes les autres classes d'âge glisseraient un oui dans l'urne. Aucune différence notable n'est à constater concernant le sexe, avec 60% des hommes qui accepteraient l'objet et 57% des femmes.

C'est du côté romand que l'on trouve le soutien le plus fort avec 64% de oui contre 29% de non et 7% d'indécis, une tendance qui s'est accrue depuis le 1er sondage. Côté alémanique, l'écart, encore faible début mai, s'est largement creusé avec une adhésion qui a grimpé à 57% (39% de rejet). A l'inverse, la Suisse italophone voit ses résultats s'inverser complètement avec seulement 33% de oui (62% lors du premier sondage) et 61% de non (38%), mais gfs explique ce chiffre par le petit nombre de sondés dans cette région, qui crée une plus forte incertitude.

Pas de clivage politique

Le clivage politique s'est estompé entre les deux sondages et les sympathisants de tous les partis appuient majoritairement la loi sur les jeux d'argent. Les électeurs socialistes sont les plus convaincus (67%), devant ceux des Verts (64%), de l'UDC (60%), du PLR (59%) et du PDC (55%).

Le oui progresse dans tous les camps à l'exception du PLR où il perd un point. A l'UDC, où certaines sections cantonales ont donné des mots d'ordre négatifs et où le parti suisse a laissé la liberté de vote, le oui a néanmoins gagné 11 points en un mois.

Au niveau des arguments, le blocage ciblé d'internet induit par la nouvelle loi est la première raison invoquée par les opposants, alors que les partisans mettent tout d'abord en avant les sorties de fonds vers l'étranger et le maintien des recettes fiscales en Suisse.

>> Le point sur la situation des opposants dans l'émission Forum :

Les opposants à la nouvelle loi sur les jeux d'argent peinent à convaincre. [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
Les opposants à la loi sur les jeux d'argent continuent de perdre du terrain / Forum / 2 min. / le 30 mai 2018

Net rejet de l'initiative "Monnaie pleine"

L'initiative dite "Monnaie pleine", qui demande que la Banque nationale suisse soit l'unique institut à produire de la monnaie, peine toujours à convaincre et serait désormais refusée par 54% des votants, en hausse de 5 points, contre 34% qui seraient pour ou plutôt pour (-1) et 12% qui restent indécis (-4). Selon gfs, un rejet est "le seul scénario probable" sans événement marquant d'ici le 10 juin.

Les partisans du PDC sont ceux qui rejettent le plus massivement l'initiative (71% de non), alors que le non s'est atténué du côté du PLR (69% aujourd'hui contre 81% le 4 mai). A l'UDC, le rejet a grimpé de 49 à 55%. Le projet bénéficie en revanche du soutien de la gauche: 64% de oui chez les sympathisants écologistes, en progression de 31 points, et 44% d'avis favorables au PS, contre 41% d'opposants.

Egalité en Suisse romande

La Suisse romande semble encore en mesure de pencher vers le oui, même si les opposants ont gagné du terrain. Partisans et opposants sont désormais quasiment à égalité. Le rejet est en revanche net en Suisse alémanique et en Suisse italophone. Toutes les classes d'âge s'opposent à l'initiative, avec un refus plus important chez les aînés.

Gfs précise que les arguments des initiants semblent convaincre (il existe un risque de bulle financière avec l'intervention des banques commerciales, la création de monnaie doit rester une mission de l'Etat), mais que les opposants ont réussi à soulever des doutes en avançant les risques liés au changement de système et le fait que l'accès au crédit sera plus difficile et plus onéreux.

Frédéric Boillat

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Vers une faible participation

Si le vote avait eu lieu le 20 mai, trois semaines avant le vote, 40% des titulaires du droit de vote auraient participé au scrutin, une valeur que gfs juge plutôt faible pour cette période d'avant votation.

L’expérience indique que les intentions de vote augmentent de 3 à 5% durant la campagne, mais comme "les deux projets de loi ne motivent pas particulièrement l’électorat à s'engager", une participation proche de la moyenne de la législature ou même inférieure semble probable.

La méthodologie du sondage

Commandé par la SSR, le deuxième volet de l'enquête d'opinion de l'institut de recherche gfs.bern en vue de la votation du 10 juin 2018 a été réalisé entre le 15 et le 23 mai 2018 auprès de 1411 titulaires du droit de vote sélectionnés de manière représentative.

La marge d'erreur est de +/-2,9%.

Ce sondage n'est pas une prévision, mais un instantané de la formation de l'opinion au 20 mai dernier, rappelle gfs.bern. Toutefois, la comparaison des résultats des deux vagues d'enquête permet de dégager des tendances.