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Grâce à Guy Parmelin, les Romands s'emparent-ils de la Défense?

Guy Parmelin s'entoure de Romands à la Défense
Guy Parmelin s'entoure de Romands à la Défense / 19h30 / 2 min. / le 22 avril 2018
Un Vaudois à la tête du renseignement, un Valaisan chef de l'armée: Guy Parmelin a nommé plusieurs Romands à des postes-clés depuis son accession au Conseil fédéral. Les francophones seraient-ils en train d'envahir la Défense?

"Guy Parmelin doit faire attention à ne pas se couper de la Suisse alémanique", prévenait la semaine dernière le conseiller aux Etats Alex Kuprecht (UDC/SZ), cité dans 24heures et la Tribune de Genève.

L'objet des critiques du sénateur alémanique? La série de nominations romandes au Département de la défense (DDPS), dont la dernière en date, celle de Jean-Philippe Gaudin à la tête du Service de renseignement de la Confédération (SRC).

Et avant le nouveau chef des espions suisses, le conseiller fédéral avait choisi la Vaudoise Nathalie Falcone-Goumaz comme secrétaire générale, le Valaisan Philippe Rebord à la tête de l'armée ou le Fribourgeois Dominique Andrey en tant que conseiller militaire.

"Oui, Guy Parmelin a tendance à nommer des Romands", observe le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS/JU), interrogé par la RTS. "Mais ce sont surtout des gens de qualité. Si un Alémanique nommait des Alémaniques, on ne serait pas en train de me questionner sur le sujet..." Et la plupart des chefs d’office du DDPS restent Alémaniques.

Une hausse, mais pas à tous les niveaux

Les francophones représentaient en 2017 plus de 18% des collaborateurs du DDPS, selon le dernier rapport de gestion du personnel de la Confédération. Une part qui connaît en effet une - très légère - hausse depuis plusieurs années.

Cette proportion ne s'observe cependant pas à tous les niveaux hiérarchiques. Dans les neuf plus hautes classes salariales du département, la part de francophones s'élevait à 13,5% en 2017.

Et du côté des officiers, les francophones représentaient en mars dernier 17% des effectifs. Alors que le français est la langue principale de près de 23% de la population, selon les chiffres de 2016 de l'Office fédéral de la statistique.

Une maîtrise parfaite de l'allemand obligatoire

Comment expliquer cette sous-représentation? "Si un Romand veut exercer de hautes fonctions, il lui sera nécessaire de s'exprimer en allemand, de comprendre parfaitement l'allemand, ainsi que le suisse-allemand", analyse Daniel Roubaty, divisionnaire retraité. "Sinon, il sera rapidement mis sur la touche."

Par ailleurs, au-delà des difficultés linguistiques, la Défense est historiquement un bastion des Alémaniques. Depuis le 19e siècle et le premier chef de l'Etat-major général en 1866, la tête de l'armée a été confiée à un Romand à trois reprises sur 23: les Neuchâtelois Louis de Montmollin (1945-1957) et Christophe Keckeis (2003-2007) et le Valaisan Philippe Rebord depuis le 1er janvier 2017.

"Mais ce n'est pas parce qu'il y avait beaucoup d'Alémaniques par le passé que l'on doit compenser aujourd'hui", proteste Thomas Hurter, conseiller national (UDC/SH) et pilote. Et d'ajouter que "les décisions se prennent avec les gens en poste actuellement." Que ce soit dans la langue de Molière ou celle de Goethe.

Enquête: David Berger

Adaptation web: Tamara Muncanovic

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