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"La Suisse prend les allégations d'espionnage turc très au sérieux"

L'entrée de l'ambassade de Turquie à Berne. [Keystone - Peter Klaunzer]
Affaire d'ingérence turque: pas de sanctions diplomatiques suisses prises contre la Turquie / Forum / 6 min. / le 16 mars 2018
Après la révélation d'une affaire d'espionnage turc en Suisse, la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Pascale Baeriswyl insiste sur la gravité des allégations, mais rappelle le principe de la présomption d'innocence.

"Nous prenons ces allégations extrêmement au sérieux", affirme Pascale Baeriswyl dans le 12h30. "Si ces allégations devaient être vérifiées, ce serait absolument inacceptable qu'un autre Etat fasse de l'espionnage sur notre territoire", ajoute la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères.

Il s'agit de la première réaction officielle de la Suisse après la révélation par le Tages-Anzeiger, jeudi, d'une nouvelle affaire d'ingérence turque. Deux employés de l'ambassade de Turquie à Berne auraient tenté d'enlever en Suisse en 2016 un compatriote opposant au régime du président Erdogan.

Immunité diplomatique exclue

Une enquête a été ouverte par le Ministère public de la Confédération (MPC) pour espionnage politique et tentative d'enlèvement. Le Département fédéral des affaires étrangères a implicitement donné son blanc-seing à ces investigations, jugeant, au vu des faits reprochés, que les prévenus ne pouvaient faire valoir l'immunité diplomatique.

"Vu les faits et les allégations extrêmement sérieuses, nous partons de l'idée que ce sont pas des activités qui sont couvertes par les conventions de Vienne (qui régissent les relations diplomatiques entre les pays)", explique Pascale Baeriswyl. La diplomate précise cependant que les deux accusés bénéficient de la présomption d'innocence.

>> Lire : La Suisse doit se positionner après une nouvelle affaire d'ingérence turque

Pas de mesures diplomatiques

La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères exclut par ailleurs toute sanction diplomatique contre la Turquie.  "A partir du moment où le Conseil fédéral autorise le MPC à mener ses investigations, nous ne prenons plus d'instruments diplomatiques ou de mesures diplomatiques, parce que ce serait interférer dans une procédure judiciaire".

>> Lire aussi : Peter Regli: "La Suisse doit réagir contre l'opération d'un Etat totalitaire"

Pour Carlo Sommaruga, conseiller national (PS/GE), la Suisse aurait dû se montrer beaucoup plus ferme envers la Turquie. "Berne pourrait par exemple suspendre la renégociation de libre-échange avec la Turquie", a-t-il expliqué dans Forum vendredi soir.

Carlo Sommaruga
Affaire d'ingérence turque: interview de Carlo Sommaruga (PS/GE) / Forum / 3 min. / le 16 mars 2018

Propos recueillis par Marc Menichini/dk

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