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Une plainte après une agression sexuelle, "une procédure douloureuse"

Beaucoup de cas de viols demeurent impunis
Beaucoup de cas de viols demeurent impunis / 19h30 / 3 min. / le 14 novembre 2017
Victime de contrainte sexuelle, Emilie a porté plainte il y a un an et demi. Une procédure "douloureuse" toujours ouverte. "Chaque étape est une piqûre de rappel de ce qui m'est arrivé", confie la Genevoise à la RTS.

Lorsqu'Emilie (*) a porté plainte, on l'a prévenue de la lenteur de la procédure qui s'engageait, raconte-t-elle mardi dans le 19h30 sous couvert de l'anonymat.

A tout moment, on risque de croiser son agresseur au coin d'une rue

Emilie, victime de contrainte sexuelle

"Mais une des choses dont je ne me rendais pas compte, c'était la question du temps qui passe, confie-t-elle. On ne passe pas son temps à la maison à attendre! On sort, on doit continuer de socialiser, de faire des choses pour que ça aille mieux. Et à tout moment, on risque de croiser son agresseur au coin d'une rue."

L'attente est douloureuse, ainsi que la procédure elle-même, ajoute cette Genevoise. "C'est difficile parce qu'on doit raconter à de nombreuses reprises ce qui est arrivé, avec le plus de détails possibles, précise-t-elle. Et si on n'en donne pas assez, on vous en demande encore."

Malgré ces difficultés, les professionnels sont formels: il faut que les victimes parlent de leur agression pour en diminuer les conséquences traumatiques. De nombreux spécialistes les encouragent à porter plainte. Autres recommandations: immédiatement se rendre aux urgences gynécologiques après les faits, demander un "constat d'agression sexuelle" et prendre contact avec un centre d'aide aux victimes.

Une procédure qui a un coût

Emilie a porté plainte pour contrainte sexuelle, et non pour viol. Car la Suisse a une définition très restreinte du viol par rapport à ses voisins européens. Dans le code pénal suisse, il y a viol lorsqu'il y a pénétration vaginale forcée d'un homme sur une femme.

La procédure judiciaire a par ailleurs un coût. "Il y a déjà des milliers de francs qui sont engagés pour ma défense", explique la jeune femme.

"J'ai une protection juridique, mais les protections juridiques ne peuvent pas toujours se prononcer au fur et à mesure de la procédure. Quand on se sent victime, se dire qu'on va devoir lâcher quelque chose parce qu'on n'a pas les moyens de s'offrir cette justice ordinaire, cela peut amener beaucoup de rancoeur."

Ma vie ne sera plus jamais comme avant

Emilie, victime de contrainte sexuelle

Désormais, Emilie commence à se reconstruire. "Bien heureusement, j'arrive maintenant à avoir une vie quasi normale", raconte la Romande. "Mais elle ne sera plus jamais comme avant", conclut-elle.

Propos recueillis par Martine Clerc/tmun

(*) prénom d'emprunt

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