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Fini l'armée de grand-papa, un élu PS propose une défense "progressiste et pragmatique"

Pierre-Alain Fridez. [Keystone - Gian Ehrenzeller]
Le socialiste jurassien Pierre-Alain Fridez propose un concept sécuritaire suisse plus moderne / Forum / 9 min. / le 25 juin 2017
"Pour un concept de défense progressiste et pragmatique": c'est le titre de l'analyse de la politique de sécurité en Suisse que signe le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS/JU). Il explique sa vision à la RTS.

Pierre-Alain Fridez, conseiller national et membre du Conseil de l'Europe, souhaite dépasser le débat pour ou contre l'armée afin de doter la Suisse d'un concept sécuritaire plus moderne. Dans son essai d'une quarantaine de pages, le socialiste jurassien part du constat qu'"une guerre conventionnelle est quasiment inimaginable" en Europe, et a fortiori en Suisse.

"Les risques sont infimes, mais potentiellement ils existent toujours", relève le socialiste jurassien dans l'émission Forum. "Simplement, ajoute-t-il, il faut maintenant répondre aux défis contemporains, qui ne sont pas ceux d'une guerre conventionnelle." C'est selon lui "l'ordre des priorités" actuel qui est mauvais, d'autant plus que les moyens de la Suisse en matière de défense sont "limités".

Une armée suisse "diminuée"

Pour Pierre-Alain Fridez, les défis sont le terrorisme, la cybercriminalité et la criminalité tout court. "Face à ces éléments-là, ce n'est pas l'armée qui est l'outil le plus utile, c'est la police et les gardes-frontière." Il propose donc de s'adapter à cette nouvelle réalité en amputant le budget militaire d'un cinquième pour allouer ces moyens à la police et aux gardes-frontière.

Le conseiller national jurassien propose ainsi de "se passer des armes traditionnelles - artillerie, lance-mines et compagnie - qui faisaient le bonheur des logiques de guerre symétrique antérieures". Il imagine une armée suisse "diminuée" qui serait composée de 60'000 hommes au lieu des 100'000 soldats actuels.

Pas dans la ligne du parti

L'armée doit toutefois maintenir des moyens dans plusieurs domaines: "Dans mon esprit, il faut 20 à 30 avions, une défense sol-air, des hélicoptères. Il faut des troupes combattantes de l'ordre de 20'000 soldats - mais des troupes bien équipées, mobiles. Il nous faut de quoi se défendre face aux menaces cybernétiques. Il nous faut des troupes spéciales", avance Pierre-Alain Fridez.

A ce titre, le député socialiste s'oppose à la ligne officielle de son parti qui, depuis 2010, prône tout simplement la suppression de l'armée. Son concept de défense pourrait raviver ce débat qui avait passablement divisé le PS, même si ce n'est pas l'objectif du Jurassien. "C'est avant tout un moyen pour s'opposer aux dépenses inutiles et inconsidérées dans certains domaines de l'armée", explique-t-il.

Propos recueillis par Mehmet Gultas

Adaptation web: Didier Kottelat, avec Thibaut Schaller

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La Suisse, "un passager clandestin de l'OTAN"

"La réalité de notre continent, depuis la chute du mur de Berlin, c'est essentiellement des soubresauts qui sont justement liés à la fin du monde communiste", affirme Pierre-Alain Fridez. Il prend l'exemple des guerres de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990, qui se sont déclarées après la chute du dictateur communiste Tito.

"C'est la même chose aujourd'hui en Ukraine, en Géorgie, en Moldavie avec la Transnistrie", ajoute-t-il, estimant que les autres pays européens qui faisaient anciennement partie de la zone d'influence russe - à l'instar des pays baltes - sont tous aujourd'hui "protégés de fait par l'OTAN." C'est aussi le cas des voisins de la Suisse, membres de l'Union européenne et de l'OTAN, hormis l'Autriche.

"Objectivement, étant au milieu d'un continent pacifié, si on veut attaquer la Suisse, on doit fatalement passer par un des pays de l'OTAN, et donc c'est l'OTAN qui va réagir, avec nous mais surtout à notre place", lance Pierre-Alain Fridez. A ce titre, la Confédération peut être considérée comme "un passager clandestin de l'OTAN", écrit-il.