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Les premiers secours romands se préparent au risque d’attentat

Illustration pour Intercités sur la médecine tactique. [Cours TECC - Ludo Besse]
InterCités – Des cantons romands préparent leurs services de premiers secours au risque d'attentat / InterCités / 5 min. / le 28 avril 2017
Après les attentats de Paris en 2015, plusieurs cantons romands ont décidé d'adapter leur dispositif sanitaire pour mieux préparer et équiper les ambulanciers et autres services de premiers secours, selon une enquête de la RTS.

Trier mais surtout soigner et sauver un nombre élevé de blessés par balle: plusieurs cantons romands se préparent à ce scénario catastrophe suite aux attentats en France, même si la menace de tels évènements en Suisse reste diffuse.

Ainsi, les échanges avec des spécialistes parisiens de la médecine d'urgence ont été nombreux. Deux cantons ont déjà renforcé le matériel médical de leurs forces de l'ordre, les premiers intervenants en cas d'attentat. Les policiers vaudois et valaisans seront tous munis de garrots. Et les pharmacies de leurs véhicules seront équipées de matériel dit tactique.

Garrots et pansements pour les policiers

"Il s'agit principalement d'un garrot qui permet d'interrompre une hémorragie sur un membre et de pansements qui peuvent être collés sur le thorax en cas de blessures par balle", a expliqué Karim Boubaker, médecin cantonal vaudois, dans l'émission InterCités.

Cette distribution de matériel est accompagnée de formation.

De leur côté, Genève et Neuchâtel réfléchissent à prendre des mesures similaires. Quant à Fribourg, le canton a aussi intégré cet équipement médical spécialisé dans les pharmacies de ses voitures de police.

Formation des secouristes à la médecine tactique

Le renforcement du matériel tactique pour les secouristes est également en cours. Pas question toutefois de distribuer des gilets par balle ou des casques balistiques, mais davantage de pansements expansifs ou occlusifs et aussi des garrots.

Cette mesure a déjà été prise en 2016 à Genève qui en a aussi profité pour donner un cours de secours tactiques à tous les ambulanciers du canton. Les Vaudois feront de même cette année et jusqu'en 2018  pour former les quelque 300 secouristes du canton, privés ou publics. Fribourg aussi formera ces médecins urgentistes. Neuchâtel et Berne de leur côté mènent en ce moment des réflexions sur ce sujet. 

Pour la première fois en Suisse romande, une formation très poussée en médecine tactique a été organisée. Une vingtaine d'ambulanciers de toute la Suisse romande ont suivi la première session de cours en mars dernier, a expliqué Jérôme Anzenberger, policier valaisan. "Dans la formation, les ambulanciers sont mis en condition réelle, avec des coups de feu. Le but est de savoir dans quelle zone les secouristes peuvent aller".

Des brigades sanitaires?

Mais laisser les premiers secours intervenir dans une zone pas complètement sécurisée ne plaît pas à tout le monde.

Pour certains cantons, comme Genève, il est absolument hors de question de lâcher des secouristes dans une zone où par exemple des tirs seraient toujours en cours. Pour Jacques André Romand, médecin cantonal genevois, "mettre en danger le personnel des premiers secours n'est pas adéquat. Nous n'avons pas affaire à des soldats sanitaires".

Le canton de Vaud en revanche pourrait franchir cette ligne rouge en créant une brigade sanitaire. "Nous sommes en réflexion pour la mise en place d'une équipe spécifique d'intervention", a ainsi annoncé Karim Boubaker, médecin cantonal vaudois. La création d'une telle brigade sanitaire nécessiterait une décision politique.

>> Son interview dans le Journal du Matin :

Karim Boubaker, médecin cantonal vaudois, sur le plateau de l'émission spéciale de "CQFD" en direct du Salons suisse de la santé. [RTS - Sébastien Blanc]RTS - Sébastien Blanc
Le canton de Vaud pourrait créer une brigade sanitaire / Le Journal du matin / 1 min. / le 28 avril 2017

Marc Menichini/lan

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Les premiers secours, ou la médecine, dits tactiques :

La médecine tactique, très développée aux Etats-Unis notamment, s’inspire des pratiques de la médecine de guerre mais adaptée au milieu civil.

Elle comprend notamment des réflexes pour intervenir dans des contextes particuliers (attentat, forcené, etc) et surtout soigner rapidement des blessures par balle ou à l'explosif.